« Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés », introduit Gaël Sliman, président d'Odoxa. L'état de santé des soignants et leur moral sont toujours moins bons que ceux des Français, mais ils s'améliorent pour la première fois depuis l'avant-Covid, indique un sondage Odoxa/Sciences Po/Le Figaro/MNH sur l'état de santé des hospitaliers. L'enquête a eu lieu sur un panel de 1 200 soignants en septembre 2023.
Concernant la satisfaction au travail, 63 % des professionnels de santé sondés se disent satisfaits (+9 points par rapport à 2022). Les médecins sont plus heureux au travail (82 %) que les infirmières (60 %, +8 points vs 2022) et les aides-soignantes (59 %, +10 points vs 2022).
Parmi les professionnels de santé sondés, 20 % d'entre eux disent être en mauvaise santé (cinq points de plus que les Français). Le sommeil des soignants est particulièrement affecté : 63 % ont toutes les semaines des difficultés à dormir... c’est 15 points de plus que les Français. Les trois-quarts des soignants affectés dans leur sommeil assurent que leur travail en est la cause. C’est 20 points de plus que la moyenne.
Équilibre vie personnelle/vie professionnelle : 714 % des médecins satisfaits
Concernant l'équilibre vie personnelle/vie professionnelle, les chiffres révèlent aussi une forte différenciation entre les catégories de soignants : les médecins sont les plus satisfaits (71 %) que les infirmiers (59 %) et les aides-soignants (62). Commentaire de Daniel Benamouzig (Chaire santé de Sciences Po), « À l'hôpital il existe un monde très stratifié socialement ».
Quant aux inégalités face au soin, les professionnels de santé y sont confrontés à hauteur de 36 % dans l'accès géographique à l'offre de soins, 30 % dans l'accès financier à cette offre, 17 % au niveau du revenu et de la classe sociale. Toutefois, 37 % des professionnels de santé interrogés n'en constatent pas.
Aide financière
Médéric Monestier, directeur général de la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) analyse ces chiffres : « Pour les soignants hospitaliers, il n'est pas simple de consulter auprès de leurs collègues. Ils préfèrent chercher le soin à l'extérieur de l'établissement où ils exercent. Ils sont aussi fortement mobilisés et prennent moins le temps de se soigner. » Plus choquant encore, 21 % des professionnels de santé (médecins, infirmiers, aides-soignants) ont eu recours au moins à une aide financière ou de l'État ou à un prêt pour se soigner.
Même si le reste à charge a baissé ces dernières années (à 7 %), il peut rester des cas spécifiques avec des dépenses catastrophiques à assumer pour d'infimes parties de la population de soignants. Médéric Monestier appuie ce propos en évoquant les ressources limitées de certaines catégories professionnelles comme les aides-soignantes qui s'aggravent pour les familles monoparentales.
* MNH appartient au groupe nehs, actionnaire du Quotidien du médecin
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