À l'occasion de la semaine de la sécurité des patients, la Haute Autorité de santé (HAS) publie son traditionnel rapport annuel sur les événements indésirables graves liés aux soins (EIGS). Dans le cadre du dispositif de déclarations et d’analyses des EIGS déployé en tandem avec les ARS, la HAS a reçu exactement 4 083 EIGS enregistrés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023, soit 71 % de plus qu’en 2022.
La HAS constate une progression « quasi continue » du nombre de déclarations depuis l’avènement du dispositif, en 2017, et ce dans presque toutes les régions. Mais ce n’est pas une mauvaise nouvelle, au contraire : cette croissance « ne signifie pas que le nombre d’EIGS augmente en France mais plutôt que les professionnels déclarent plus (meilleure connaissance du dispositif et culture de sécurité des soins », peut-on lire.
Trois quarts des EIGS proviennent des hôpitaux et cliniques (commerciales et non lucratives). Le reste est partagé entre d’autres types de structure (Ehpad, établissements et services médico-sociaux) et le domicile du patient. La ville est résiduelle (0,1 % de l’ensemble).
Comme en 2022, 45 % des déclarations d’EIGS sont issues de services de médecine, chirurgie et obstétrique, incluant la cancérologie et les plateaux techniques. 49,4 % des EIGS se soldent par un décès (+1 point par rapport à 2022).
Un peu moins d’un EIGS sur deux (48 %) a été jugé évitable par les déclarants – c’est-à-dire qu’il aurait pu ne pas survenir si les soins avaient été conformes à la prise en charge considérée comme satisfaisante. C’est trois points de moins qu’en 2022.
La HAS constate que la culture de la déclaration infuse plus vite dans les régions Paca, Auvergne Rhône-Alpes et en Guadeloupe.
Sur l’ensemble de la période (2017-2023), les EIGS concernent principalement les erreurs liées aux soins ou à l’organisation des soins (28,5 %), les actions du patient contre lui-même (tentatives de suicide, suicides, sorties à l’insu du service, etc., 24,3 %) et les erreurs médicamenteuses ainsi que l’iatrogénie (12,4 %). La Haute autorité précise qu’en 2023 les erreurs liées à une procédure interventionnelle (opératoire ou anesthésique) ont été plus souvent déclarées que les erreurs médicamenteuses (12,5 % versus 10,5 %).
Aux urgences, 63 % des événements indésirables évitables
La HAS a analysé en détail les 195 EIGS reçus entre le 1er janvier 2022 et le 31 mars 2023. Selon les déclarants, ces événements graves y sont en grande majorité évitables ou probablement évitables à 63 %, soit 15 points de plus que sur l’ensemble des incidents répertoriés.
Les erreurs liées aux soins ou à l’organisation des soins y sont plus nombreuses que sur l’ensemble des services (32 % versus 28,5 %). Suivent les erreurs en lien avec la clinique et le diagnostic (27 % des déclarations, également beaucoup plus fréquentes aux urgences que dans les autres secteurs) et les actions du patient contre lui-même (16,9 %). La conséquence la plus courante d’un EIG est le décès du patient (68 %), devant un probable déficit fonctionnel permanent (22 %) et une mise en jeu du pronostic vital (10 %).
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