Comme chaque année, le think tank Économie santé a exposé ses « recos » pour améliorer le système de santé. Pour 2019, le groupe de réflexion du Dr Philippe Leduc n'avait qu'un mot à la bouche : pertinence.
Aussi, les 53 experts ont formulé huit propositions « pour améliorer la pertinence en santé ». Au menu, sommer les conseils nationaux professionnels (CNP) de produire chaque année des recommandations sur les pratiques pertinentes et veiller à leur appropriation régulière, imposer aux fabricants de logiciels métier d'inclure des rappels opérationnels (alertes anti-iatrogénie) ou assurer la transparence totale des données de santé pour en limiter les effets pervers.
Mais la préconisation qui a marqué les esprits concerne l'apprentissage régulier de la pertinence des soins. Le think tank suggère d'« inclure la pertinence dans la formation initiale », à la faveur de la prochaine réforme des études de santé, et même « tout au long de la vie ».
De fait, témoigne Antoine Reydellet, président de l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), la tarification à l'activité (T2A), par ses effets inflationnistes, est parfois un frein aux pratiques vertueuses. « En effet, la vague de bilans pour voir si une personne n'est pas carencée en vitamine D ne vient pas de l'inquiétude des chefs de service que leurs patients ne prennent pas suffisamment le soleil, mais bien du fait qu'un patient en déficit de vitamine D est un malade qui va rapporter plus », résume cyniquement l'interne.
La pertinence replacée au cœur du cursus initial ? L'idée séduit Agnès Buzyn, et ce « dès le premier cycle des études de médecine ». La locataire de Ségur se désole de la formation « en silo » des différents professionnels de santé qui n'incite pas à la coopération interpro. « Aujourd'hui, par exemple, on n'enseigne pas du tout le parcours de soins alors que c'est un levier majeur pour la pertinence », assure la ministre.
Elle identifie trois enjeux : la création de modules communs entre les soignants ; le développement de la simulation, « formidable outil pour la pratique clinique » ; enfin l'ouverture des lieux de formation aux patients afin que les futurs praticiens puissent « se questionner sur la manière de dire et de faire les choses en fonction du ressenti de leurs patients ».
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