Soins palliatifs précoces : ouverture du premier hôpital de jour en Essonne

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Publié le 17/04/2024
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Le centre hospitalier de Bligny a ouvert en février dernier un hôpital de jour de soins palliatifs précoces, créé dans le cadre du plan national « développement des soins palliatifs ». Seules dix structures de ce type existent en France. Reportage.

Crédit photo : DR

À l’hôpital privé solidaire (Espic) de Bligny, l’hôpital de jour (HDJ) de soins palliatifs précoces, qui a pour particularité d’accompagner les patients à tous les stades d’une maladie reconnue incurable, ainsi que leurs proches, s’inscrit dans une conception « moderne » des soins palliatifs. Une vision défendue avec force par le Dr Jean-Baptiste Méric, oncologue et directeur médical du centre hospitalier.

« Les patients atteints d’une maladie incurable relevant de soins palliatifs n’ont pas forcément envie de rester à l’hôpital, explique-t-il. Ensuite, une orientation précoce est indispensable car il faut combattre l’idée que les soins palliatifs concernent la seule fin de vie. Le fait de les intégrer au parcours d’une personne malade, juste après un diagnostic, a démontré des effets bénéfiques dans plusieurs pathologies. Unicancer vient d’ailleurs de le rappeler récemment en mentionnant cette initiation précoce parmi leurs six grandes priorités dans la perspective du plan décennal “Soins palliatifs, prise en charge de la douleur et accompagnement de la fin de vie en France” ».

De fait, dès 2010, une étude de la Dr Jennifer Temel, menée auprès de 151 patients atteints de cancer bronchique métastatique et publiée dans The New England Journal of Medicine, a montré une augmentation significative de la survie globale (médiane de 11,6 mois versus 8,9 mois) dans le groupe de patients ayant bénéficié d’une prise en charge par une équipe de soins palliatifs dès le diagnostic (1). Des résultats régulièrement confirmés par plusieurs essais cliniques randomisés qui notent aussi un bénéfice sur la qualité de vie et la réduction des symptômes.

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Dr Jean-Baptiste Méric, oncologue et directeur médical du CH de Bligny

« L’intégration doit se faire dans les huit semaines suivant le diagnostic pour avoir des résultats optimaux, confirme le Dr Jean-Baptiste Méric qui plaide pour une meilleure acculturation aux soins palliatifs. Notre hôpital a été labellisé par l’European Society for Medical Oncology (Esmo) qui a valorisé dès 2013 notre stratégie d’intégration des soins palliatifs à l’oncologie. J’appelle l’ensemble des établissements français à se saisir de cette question car nous sommes trop peu nombreux à avoir mis en place cette démarche. »

Unité de lieu et travail partenarial

La globalité de la prise en soins s’inscrit également dans la configuration des locaux, l’HDJ étant contigu à l’unité de soins palliatifs qui compte dix lits. « Le parcours doit être adaptable aux fluctuations de l’état du patient. L’unité de lieu permet aussi de gérer plus facilement les passages entre hospitalisations conventionnelles et de jour », poursuit le Dr Jean-Baptiste Méric. Et d’insister également sur l’importance du travail partenarial avec les acteurs de ville (médecins traitants, infirmiers, pharmaciens…), les dispositifs d’appui à la coordination (DAC) du département, les dispositifs spécialisés dans l’accompagnement en soins palliatifs et l’hospitalisation à domicile.

« Nous avons besoin de la complémentarité de compétences entre l’hôpital et la ville, développe le spécialiste. La soirée d’inauguration de l’hôpital de jour a, par exemple, été conçue comme un temps de formation et d’échanges sur la place des soins palliatifs précoces pour les professionnels médicaux et paramédicaux. Nos soignants se sont pleinement investis aux côtés des équipes territoriales de soins palliatifs. Je pense notamment à l’association Spes sur le Sud-Essonne qui nous a aidés à tous les stades du projet. »

Accompagnement des proches

L’équipe pluridisciplinaire de l’hôpital de jour a également veillé à développer de nombreuses interventions non médicamenteuses pour les patients – bains thérapeutiques, réflexologie plantaire, massages, thérapie d’activation de conscience… – et un accompagnement de leurs aidants. Ceux-ci sont en effet intégrés à la prise en soins de leur proche grâce à des entretiens pluriprofessionnels, une participation aux activités du service et un suivi de deuil pour ceux qui le souhaitent. L’unité met également à la disposition des familles et de l’entourage une cuisine, un salon d’accueil avec kitchenette, des équipements HI-FI, télévision et vidéo ainsi qu’une chambre de repos. L’établissement propose même de réserver des chambres d’hôtes pour les accompagnants.

(1) Temel J.S. et al., N Engl J Med. 2010 Aug 19 ; 363(8):733-42.


Source : lequotidiendumedecin.fr