LES PATIENTS et anciens patients du Dr Claude Bonnetouche, médecin acupuncteur installé à Antibes depuis 1980, ont été avertis, par courrier de la DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) des Alpes-Maritimes, d’un risque potentiel de contamination par le VIH ou les virus des hépatites B et C. « En milieu de semaine dernière, nous avons informé par lettre individuelle 1 262 patients. Nous souhaitons aussi par voie de presse informer ceux qui éventuellement n’ont pas été contactés afin qu’ils consultent leur médecin traitant ou les services de dépistage », explique François-Xavier Lorre, directeur adjoint. Dans le même temps, 1 400 généralistes du département ont aussi reçu une lettre d’information, « pour qu’ils ne soient pas surpris en cas de questions de leurs patients ».
Stérilisation de haut niveau.
Depuis la fin du mois de juin et les conclusions d’un rapport d’inspection réalisée par la DDASS à la suite d’une plainte transmise par le Conseil départemental de l’Ordre des médecins, les activités du praticien sont suspendues. Les dysfonctionnements constatés portent sur l’hygiène du cabinet et les modes de stérilisation des aiguilles d’acupuncture. Le Dr Isabelle Arrighi, médecin inspecteur de la DDASS qui a procédé à l’inspection, confirme : « Ce médecin, contrairement aux règles de bonnes pratiques, stérilisait ses aiguilles au Poupinel, une méthode proscrite depuis au moins une dizaine d’années. » En effet, les aiguilles d'acupuncture sont du matériel destiné aux cavités stériles et pénétrant à l'intérieur du corps justifiant d’une désinfection et d’une stérilisation de haut niveau. Doivent être utilisées, précise le médecin-inspecteur, « soit des aiguilles à usage unique soit des aiguilles réutilisables stérilisées par de la vapeur sous pression après décontamination ».
Dans l’attente d’une décision des instances disciplinaires du Conseil de l’Ordre, la fermeture du cabinet a été décidée pour une durée de cinq mois par arrêté préfectoral, une mesure d’urgence conforme au code de la santé publique. La procédure est « rare » mais justifiée, selon la DDASS. « La décision a été prise en accord avec le ministère de la Santé. Même s’il est faible, le risque existe d’une transmission des virus hématogènes », souligne le Dr Arrhigi.
Le Dr Bonnetouche reconnaît ne pas s’être conformé aux recommandations actuelles. « Cela fait près de trente ans que j’exerce. L’acupuncture est ma passion. J’ai toujours utilisé les aiguilles classiques que je stérilisais à la chaleur sèche du Poupinel. Je me suis laissé dépasser », explique-t-il au « Quotidien ». À 60 ans, il assure n’avoir jamais reçu de plainte de ses patients. S’il attend sereinement les décisions de la DDASS – il a entrepris de mettre son cabinet aux normes, notammenten créant « un point d’eau supplémentaire » – il avoue être « déboussolé » devant le « battage médiatique » suscité par cette affaire, qui a fait l’objet d’un article dans « Nice Matin ». Malgré l’appui de quelques-uns de ses patients et confrères, l’avenir de son cabinet semble en péril .
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