C'est un témoignage résigné qu'elle livre au Huffington Post. Dans un billet de blog, une patiente atteinte d'un cancer raconte sous anonymat pourquoi elle est partie se faire soigner dans le privé.
« Moi, je suis un petit pion dans l'immense échiquier qu'est la machinerie médicale. En tout cas, c'est mon ressenti en ce qui concerne l'hôpital public », écrit cette femme, diagnostiquée d'un cancer du sein le 23 octobre 2017 après un premier cancer il y a sept ans.
« En sept ans, rien ne s'est arrangé, bien au contraire. Non seulement j'ai affaire à des médecins qui se précipitent sur des diagnostics hâtifs, puis changent d'avis au gré des résultats d'examens, mais en plus, je dois, MOI, m'adapter, digérer les allers retours insupportables et les staffs qui se succèdent sans explications », témoigne la patiente, qui ne précise pas dans quelle ville ni dans quel hôpital elle est prise en charge.
Oubli de rendez-vous
Une tumorectomie lui est annoncée, et l'opération fixée au 5 décembre. Mais les médecins changent et « rechangent d'avis, au gré des examens ». « Car ils ne sont pas tous d'accord entre eux. Et moi je tombe à chaque nouvelle annonce. Et me relève. Et retombe. Et me relève, raconte la malade. Ils décident et je dois acquiescer sans comprendre, juste accepter de les suivre dans cette errance. » Après tout, écrit-elle avec une ironie mordante, « un carcinome sur pattes n'a pas besoin de considération ».
Elle est opérée le 15 janvier d'une mastectomie après que le diagnostic de départ a été révisé. Mais le chirurgien oublie le rendez-vous postopératoire. « Je suis restée à l'hôpital de 17 heures à 20 heures, j'ai simplement rencontré la plasticienne qui m'a imprimé et lu le compte rendu du dernier staff sans plus de détails, relate la patiente, qui se dit atterrée et exaspérée. Je pense qu'elle était sincère, et assez mal à l'aise tout de même, presque compatissante. »
Mais elle n'est pas au bout de ses peines. Le 22 février, son diagnostic est une fois de plus remis en cause « parce que l'oncologue de l'hôpital n'a jamais vu de cas comme le mien, et semble bien emm… Par cette personne que je suis, qui pose des questions sur le bien-fondé d'une chimiothérapie au Taxotère ».
Transfert de dossier
En fait, la médecin décide que le dossier sera analysé ailleurs, parce qu’« on n'est plus à trois semaines près ». « C'est vrai quoi, après tout moi je n'ai rien d'autre à faire de ma vie que d'attendre ad libitum… », écrit cette mère de famille, que le clip de l'Ordre des médecins « fait juste rêver… Ou vomir ».
Finalement, c'est sa médecin généraliste qui se révèle « une alliée de poids dans ce double combat ». Elle obtient un rendez-vous avec un oncologue dans un établissement privé. « Le rendez-vous a duré une heure, consacrée à m'expliquer clairement les divers éléments constitutifs de ma pathologie, avec douceur et calme, me donnant son avis tranché, et me proposant un test qui, bien évidemment, ne m'a pas été proposé à l'hôpital, pour savoir si la chimiothérapie aurait une réelle efficacité dans mon cas. »
« Je suis ressortie en ayant pris une décision que j'aurais dû prendre bien avant : faire transférer mon dossier, enfin, et ne plus voir ces médecins qui n'ont eu que mépris pour la personne HUMAINE que je suis », conclut la patiente qui épingle au passage la gestion de l'hôpital public comme une entreprise.
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