RÉVOLUTION DE PALAIS. Raoul Briet l’a emporté la semaine dernière dans le match qui l’opposait au député (PS) de Paris, Jean-Marie Le Guen, pour accéder à la présidence du conseil de surveillance de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Le haut fonctionnaire, qui fait partie des « sages » de l’AP-HP au titre des « personnalités qualifiées » – c’est Claude Évin, le directeur de l’agence régionale de santé (ARS) qui l’a désigné – a eu la peau de l’élu sortant ; la loi Bachelot, qui a ouvert les conseils d’administration relookés des hôpitaux aux non-élus, trouve une illustration spectaculaire dans le premier CHU de France.
Le profil du nouveau président – Raoul Briet est magistrat à la Cour des comptes, membre de la Haute Autorité de Santé (HAS), expert très pointu des questions d’assurance-maladie – tranche avec celui de ses prédécesseurs, tous issus du conseil de Paris – avant le socialiste Le Guen, il y a eu le communiste Alain Lhostis, la RPR Marie-Thérèse Hermange… De fait, le pedigree de Raoul Briet ressemble bien davantage à celui de certains… directeurs de l’AP-HP (on pense à Antoine Durrlemann ou encore à Alain Cordier). Tout serait donc sens dessus dessous dans la vénérable institution.
L’élection, très politique, du président atypique, a en tout cas été serrée. Il y aura fallu trois tours, et Raoul Briet le challenger, désormais en poste pour cinq ans, en est sorti vainqueur de très peu (par 8 voix contre 7 au sortant Jean-Marie Le Guen). Quand la majeure partie des édiles ex-présidents des conseils d’administration des hôpitaux ont réussi à sauver leur siège à la tête des conseils de surveillance – tous les établissements n’ont pas encore voté, l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), en particulier, choisira son président vendredi prochain – le cas parisien fait évidemment un peu tache.
La mairie de Paris n’a pas apprécié. Dès le résultat connu, le maire socialiste de la capitale a exprimé ses « plus vifs regrets ». « À l’heure où la santé occupe une place croissante dans les préoccupations des Français, il me semble (...) qu’aurait dû être réaffirmé le lien, si fort historiquement, entre la Ville de Paris et l’Assistance publique », a commenté Bertrand Delanoë, mettant dans la foulée en cause « la légitimité » du nouveau conseil de surveillance. Le président (PS) du conseil régional d’Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, s’est ému plus fort encore, dénonçant « la reprise en main de l’AP-HP par l’État », qualifiant l’élection de Raoul Briet de « scandale » et de « déclaration de guerre ».
Alors que l’élaboration du très contesté plan stratégique de l’AP-HP entre dans sa toute dernière ligne droite, l’AP-HP s’est offert une nouvelle polémique avec son tout neuf président.
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