Une centaine de médecins du département de la Manche tire la sonnette d'alarme après que la direction du centre hospitalier d'Avranches-Granville a annoncé son souhait de supprimer la ligne de SMUR secondaire dès avril.
« La direction évoque des raisons financières et un manque de personnel », explique au « Quotidien » le Dr Frédérique Sarazin, dermatologue et membre du collectif.
Le département dispose actuellement de sept équipes de SMUR primaire (Cherbourg, Valognes, Saint-Lô, Coutances, Granville, Avranches, Saint-Hilaire) dont la mission est d'intervenir à la demande du SAMU centre 15 pour toute suspicion d'urgence vitale. Composé d'un urgentiste et d'un paramédical, le SMUR secondaire, lui, assure les transports interhospitaliers 24 heures sur 24.
Saturation du SMUR primaire
Avec la disparition du SMUR secondaire de Granville, les médecins craignent une dégradation de la prise en charge des patients. Ils ont déjà essuyé la suppression d'un autre SMUR secondaire à l'hôpital de Saint-Lô en 2016. « 15 jours après la fermeture, certains patients n'ont pas pu être pris en charge. Un SMUR de Fougères d'Ille-et-Vilaine est venu nous apporter de l'aide. Aujourd'hui, une nouvelle équipe composée d'un infirmier a été mise sur pied mais ce n'est pas suffisant lors de la prise en charge de patients lourds. Il faut un médecin », raconte le Dr Sarazin.
Le SMUR secondaire de Granville réalise 700 interventions annuelles, d'après les chiffres du collectif. Ses membres s'inquiètent aussi du possible goulot d'étranglement qui guette le SMUR primaire. Il devra assurer lui-même les transferts et ne sera donc « plus opérationnel pour une urgence vitale dans son secteur », argue-t-il.
Les praticiens de la région estiment que ce coup de grâce entachera l'attractivité de cette spécialité auprès des jeunes urgentistes. « Il sera dangereux pour eux de venir s’installer dans un département où il existe un manque de moyens par rapport à un département voisin où il existe pléthore d’effectifs et de plateaux techniques, souligne le collectif. Ces décisions de fermeture de services indispensables à une médecine de qualité ne peuvent ainsi qu'aggraver la désertification médicale. »
Mobilisation du corps médical
Une pétition a l'intention de la ministre de la Santé et du président de la République (entre autres) a été lancée par le collectif de médecins. Elle a recueilli près de 2000 signatures.
Les protestataires envisagent aussi un recours administratif si la direction de l'hôpital d'Avranches-Granville maintient son idée de fermeture de la ligne secondaire. Un rassemblement est prévu demain à 13 h 45 devant l'établissement.
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