La cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) de la zone Nord et une équipe SMUR lilloise est arrivée mardi 22 mars à 14 heures à l'ambassade de France en Belgique, pour une mission consulaire (à la demande du ministère des Affaires étrangères français) de 36 heures, avec des objectifs de recueil d'information, de recensement des victimes françaises, d'évaluation de leur état de gravité, et en cas de besoin, de la préparation de leur rapatriement. Une autre partie de la mission consistait en l'évaluation des personnels des différentes instances diplomatiques.
« Nous n'avons en rien interféré dans la prise en charge faite par les équipes belges ; leurs services ne semblent pas saturés », souligne le Pr Éric Wiel, chef de pôle adjoint du pôle Urgences, et chef de service des urgences adultes du CHRU de Lille. « Les collègues belges sont d'un grand niveau de compétence, nous n'avons pas à nous sur-ajouter », enchérit le Dr François Ducrocq, responsable de la CUMP de la zone Nord.
Les Lillois soulignent l'exemplarité du travail « tant des services administratifs que des équipes médicales » : « en moins d'une heure, nous avions fait le tour de tous les hôpitaux bruxellois et alentours ; les Belges ont fait preuve d'une grande disponibilité malgré l'urgence de la situation », poursuit le Pr Wiel.
Les médecins français se sont rendus au chevet de patients dans différents hôpitaux bruxellois. « Nous avons eu des contacts individuels avec ceux qui étaient conscients, et avec toutes les familles », relate au « Quotidien » le Dr François Ducrocq, responsable de la CUMP Nord.
Verbaliser, pour apaiser
Sur le volet pharmacologique, « nous avons distribué quelques anxiolytiques (atarax), préférés dans ces situations aux benzodiazépines, et des bétabloquants (propranolol), efficaces pour la prévention secondaire », décrit le Dr Ducrocq.
Les professionnels de la CUMP ont pratiqué quelques debriefings (ou interventions psychothérapeutiques post-immédiates). « Cela permet de verbaliser pour apaiser, favoriser l'extinction de ce qui s'est allumé lors du trauma psy, qui est la rencontre avec la mort », explique le psychiatre. Et d'insister sur l'intérêt de cette intervention pour prévenir le syndrome de stress post-traumatique (PTSD), qui risque de toucher 20 à 30 % des victimes de tels attentats.
La CUMP a accompagné le retour des ressortissants français, en donnant des contacts référents et en appelant les autres CUMP de métropole susceptibles d'être concernées.
Quelques transferts de patients ont déjà eu lieu, mais selon les procédures belges courantes et les accords transfrontaliers en vigueur.
Les mêmes récits d'horreur
Présent lors des attentats parisiens en novembre dernier, le Dr Ducrocq a entendu de la bouche des quelques rescapés français présents le 22 mars en Belgique les mêmes « récits d'horreur », avec des « corps brûlés, blastés, décapités ».
Une relève a été assurée pendant 24 heures et doit rentrer ce 24 mars. L'Établissement de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS) devrait prendre le relais.
Selon un bilan provisoire, seulement 4 des 31 morts ont pu être identifiés jusqu'ici. Sur les 300 blessés, 150 sont toujours hospitalisés, dont 61 en soins intensifs. Quatre des personnes hospitalisées, dans le coma, n'ont pas encore été identifiées, selon le ministère de la Santé belge. Le ministère des Affaires étrangères français indique que 11 Français ont été blessés, dont 4 dans un état grave.
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