On a coutume de dire que la période de confinement, du 17 mars au 11 mai dernier, a fortement diminué le nombre d'accidents de la route et d'accidents de la vie courante en France. Selon les nouvelles données publiées ce mercredi 22 juillet dans le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » de Santé publique France, la situation est légèrement plus contrastée. Les services d’urgences ont bien observé une diminution des recours aux urgences pour accidents de la vie courante (AcVC), mais aussi une augmentation des cas graves survenant au domicile, notamment chez les jeunes enfants et les personnes âgées.
Les auteurs ont colligé les données de l’enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC) collectées entre le 16 mars et le 10 mai 2020. L'EPAC consiste en un recueil exhaustif et continu de données dans une dizaine de services d’urgence dont six fournissent des données d’urgences générales et neuf fournissent des données d’urgences pédiatriques.
Moitié moins de passages aux urgences
Ils ont constaté une diminution de 55 % du nombre de passages aux urgences pour AcVC pendant la période de confinement par rapport à la même période en 2019 (7 115 en 2020 contre 15 881 en 2019). Cette baisse était homogène, et concerne toutes les tranches d'âge et les hommes comme les femmes.
Les cas sévères d’AcVC pris en charge aux urgences tous âges confondus ont globalement baissé de 13 %. Cette diminution est du même ordre que celle observée dans d'autres pays comme la Chine, la Nouvelle-Zélande et l'Espagne lors de périodes de confinement similaires.
Mais cette baisse était surtout liée à une diminution des visites pour accidents survenant à l'extérieur (transport, travail, école, loisirs...). Dans le même temps, la période de confinement a coïncidé avec une augmentation de 20 % du nombre de passages aux urgences pour accidents graves au domicile chez les enfants de moins de 15 ans (227 vs 273) et de 5 % chez les personnes de plus de 45 ans (449 vs 470). Le nombre de cas graves en lien avec une chute a augmenté chez les enfants âgés de 2 à 6 ans et chez les 65-84 ans, de même que le nombre de cas sévères liés aux travaux domestiques chez les plus de 45 ans.
Des messages de prévention à prévoir
Ces données doivent permettre « d'adapter la prévention des AcVC, et plus particulièrement celle des accidents domestiques durant une période de confinement, à destination des jeunes enfants et des personnes âgées », estiment les auteurs. Ainsi, l'enquête EPAC révèle une augmentation des accidents de bricolage, des chutes à domicile (beaucoup de fractures de la hanche chez les plus de 65 ans), des brûlures, des intoxications et des ingestions d'objets.
Autre observation importante : le nombre de passages aux urgences pour cas graves n'a que légèrement diminué chez les 2-4 ans et est resté stable chez les moins de 2 ans qui restent à risque de blessure, même en restant confinés à domicile. Autant d'informations qui peuvent orienter les éventuelles futures campagnes de communication.
Pour les auteurs, « la modification des modes de vie familiaux du fait du confinement a pu modifier les comportements des parents vis-à-vis de la surveillance de leurs enfants. L’enquête CoviPrev de Santé publique France en population générale pourra apporter des enseignements sur l’évolution des comportements des Français pendant l’épidémie. »
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