Le CH Côte de Lumière (Sables-d’Olonne, Vendée) est dans une « situation dramatique », alertait fin août le maire de la ville, Yannick Moreau, dans un courrier adressé à Aurélien Rousseau. Pour les habitants de la cité balnéaire (55 000 habitants), l’accueil aux urgences se joue selon lui « à pile ou face », avec ces fermetures répétées. Pour l'édile, l’État a même « joué avec le feu, avec la vie des habitants des Sables-d’Olonne », mais aussi avec les soignants « épuisés » et « méprisés ».
Adjoint au maire des Sables-d’Olonne en charge de la qualité de vie, de la santé et de la famille, Nicolas Chénéchaud s'inquiète toujours de possible « drames ».
LE QUOTIDIEN : Quelle est aujourd'hui la situation aux urgences du CH Côte de Lumière ?
NICOLAS CHÉNÉCHAUD : Un jour, les urgences sont ouvertes, le lendemain, elles ferment de 15h à 8h30… Les patients s’y perdent. Ils ne savent pas quand les urgences sont ouvertes ou fermées. La population souffre d’un manque flagrant visibilité. Cette situation inacceptable pourrait provoquer des drames.
Aurélien Rousseau a-t-il répondu à votre courrier d'alerte ?
Pas pour le moment. Mais on sait aussi que le ministre vient à peine de prendre ses fonctions. Quoi qu’il se passe, nous resterons mobilisés. Nous sommes un territoire dynamique qui attire beaucoup de touristes [200 000 l’été, NDLR]. L’accès aux urgences des Sables-d’Olonne doit gagner en visibilité. Il y a deux ans, les élus du département avaient déjà alerté le ministre de la Santé, Olivier Véran. Nous avions exigé la pérennisation de nos services d’urgences, ce que l’on avait d’ailleurs obtenu.
C’est aujourd’hui insuffisant ?
Tout à fait. Il manque un tiers des effectifs aux urgences du CH Côte de Lumière. Depuis l’application de la loi Rist [sur le plafonnement de la rémunération de l'intérim], qui était nécessaire, les hôpitaux ont du mal à recruter des intérimaires. Auparavant, ils étaient payés jusqu’à 2 500 euros par week-end. Aujourd’hui, c’est moitié moins. Or, nous considérons que c’est le rôle de l’État, du ministère de la santé et des ARS, d’assurer l’accès aux soins partout dans les territoires. Il leur appartient donc de trouver des solutions, de faire preuve de responsabilité. Contrairement à l’État, nous ne disposons pas de lignes budgétaires pour financer l’hôpital public, ce n’est pas de notre compétence. Par contre, nous pouvons trouver des leviers d’attractivité sur nos champs de compétences, sur le logement par exemple.
Justement, quels leviers avez-vous actionné ?
Les élus vendéens ont obtenu le financement et l’ouverture de centres de soins non programmés pour soulager les urgences du département et lutter contre le manque de médecins traitants. Nous avons accompagné les CPTS pour créer six centres de soins non programmés. Des médecins dégagent des créneaux dans leurs plannings pour se rendre dans ces centres. Nous avons une spécificité en Vendée : nous sommes entièrement maillés en CPTS. Résultat : le nombre de passages aux urgences est en baisse depuis deux ans.
Quelles mesures prenez-vous pour attirer des médecins ?
Plus un territoire est éloigné d’une faculté de médecine, plus il a de mal à attirer des praticiens. C’est le cas de la Vendée qui ne dispose pas de faculté de médecine. Jusqu’à présent, la plupart des internes venaient de la faculté de Nantes et logeaient à Nantes. Ils travaillaient la journée en Vendée, avant de rentrer le soir à Nantes, sans avoir le temps de découvrir la ville et ses environs.
Nous nous sommes donc rapprochés de syndicats d’internes et d’externes et avons signé la charte des hébergements territoriaux des étudiants en santé, anciennement nommés « internats ruraux ». Ces lieux de vie communs répondent aux problématiques de logement et d’isolement professionnel des étudiants en santé, en raison de leurs déplacements. Au final, nous avons ouvert six maisons des internes en Vendée.
Ce dispositif est-il efficace ?
Oui, il a fonctionné aux Sables-d’Olonne où l’on a rénové deux maisons de notre patrimoine, dans le centre-ville. Chaque semestre, des internes logent dans ces maisons. Il est possible à terme qu'ils décident de s’installer en Vendée ! L’autre nouveauté, c’est la mise en place d’un numéro d’appel « Allô installation » au conseil départemental de Vendée. On offre un accompagnement sur mesure aux médecins pour les aider à trouver un logement, des places en crèche.
Enfin, nous organisons depuis l’année dernière des formations aux maîtres de stage universitaires. Lors de la deuxième session, une vingtaine de médecins se sont inscrits. C’est un travail de longue haleine. Plus il y aura de maîtres de stage sur un territoire, plus il y aura de médecins qui s’installent.
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