Toute d’or qu’elle soit, c’est une breloque dont le ministre démissionnaire de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux, se serait sans doute bien passé. Suite à ses propos publiés ce mardi dans Ouest France, arguant que l’été se déroulait bien sur le plan sanitaire et que « seulement une cinquantaine d’établissements (…) seraient en tension et que la situation est un peu meilleure qu’en 2023 », l’union syndicale Action Praticiens Hôpital (APH)* vient de lui décerner la médaille d’or « pour sa mauvaise foi ». Accompagnée d’une missive qui n’y va pas de main morte : « peut-être que Monsieur le ministre est encore sous l’effet euphorisant de l’ambiance des Jeux olympiques pendant que tous les acteurs hospitaliers qui tiennent comme ils le peuvent la barre du juste soin sont au bord d’un gouffre sans précédent », taclent dans un communiqué commun les représentants des quatorze syndicats hospitaliers que regroupe APH.
Déjà, en ce début de semaine, dans les colonnes du Quotidien, le Dr Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France (SUdF), dénonçait lui aussi les « propos rassurants » du ministre, rappelant que son syndicat lançait ce mois d’août son enquête annuelle pour évaluer l’impact réel des fermetures estivales pour les urgentistes. Les résultats sont attendus pour la mi-septembre.
Les hôpitaux pivots touchés au premier chef
Pas en reste, APH entend également réaliser sa propre enquête « auprès des praticiens hospitaliers et hospitalo-universitaires pour analyser la situation ». « Dès la rentrée, après les Jeux Olympiques », confirme le Dr Jean-François Cibien, président d’APH. « Aujourd’hui, je pense plutôt qu’il n’y a pas cinquante hôpitaux sur le territoire qui ne connaissent pas de difficultés. Bien sûr, ce n’est pas un tsunami, mais c’est une montée progressive des eaux, mètre par mètre, qui est en train de noyer le système hospitalier », poursuit le médecin urgentiste à l’hôpital d’Agen. Et ce ne sont pas les seuls CHU qui sont concernés. Les hôpitaux pivots, à savoir les établissements hospitaliers départementaux en tête de pont des Groupements hospitaliers de territoire (GHT), sont les premiers touchés, alerte le Dr Cibien. Après le CHU de Brest et son « mur de la honte » sur lequel les soignants ont inscrit les prénoms et initiales des personnes âgées de plus de 75 ans qui ont patienté plus de douze heures aux urgences (plus de 130 au dernier recensement) APH interpelle directement les pouvoirs publics. « Les retards de prise en charge des malades, comme le manque de lits d’hospitalisation, seraient-ils devenus la normalité en France ? »
* Action Praticiens Hôpital réunit les organisations syndicales Avenir Hospitalier et la Confédération des Praticiens des Hôpitaux. Elle représente les praticiens hospitaliers adhérents de quatorze syndicats, de toutes les spécialités médicales, pharmaceutiques et odontologiques, de tous statuts hospitaliers, de métropole et des territoires ultramarins.
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