UN JEUNE INTERNE de 28 ans qui achevait une garde aux urgences de Rouen s’est suicidé mardi 5 juillet au matin à son retour à domicile. Selon l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), au cours de sa garde, l’interne a été envoyé avec une équipe SMUR au chevet d’un patient pour le réanimer, puis est rentré au SAMU. Peu de temps après, il mettait fin à ses jours à son domicile. L’AMUF rappelle qu’un infirmier urgentiste s’est également suicidé à Roubaix, et que le même jour à Mende, un chef des urgences s’est tué à moto en allant prendre sa garde.
L’association d’urgentistes présidée par le Dr Patrick Pelloux a rencontré le ministre de la Santé afin de lui faire part de propositions pour tenter d’enrayer ce phénomène. Pour l’AMUF, ces drames ont un lien direct avec les conditions de travail au sein des hôpitaux. Ce plan s’articule en trois chapitres. Le premier traite de la « santé au travail ». Pour l’AMUF, il faut mettre en place dans les établissements des instances chargées de vérifier que les conditions de travail sont supportables. « Une sirène dans un véhicule SMUR, précise Patrick Pelloux, ça peut dépasser 140 décibels ». De quoi aggraver le traumatisme d’un esprit déjà déprimé. Au chapitre « psychologie », l’AMUF appelle de ses vœux des consultations psychiatriques obligatoires pour les personnels soignants, « notamment aux urgences et aux soins palliatifs ». Elles auraient pour but de vérifier l’aptitude des personnels et de détecter les conduites addictives. Enfin, au chapitre « social », le Dr Pelloux explique que beaucoup d’urgentistes cumulent les gardes pour pallier leurs problèmes de rémunération. « Tant qu’on ne décomptera pas en heures le temps de travail (au lieu du décompte en demi-journées), continue-t-il, on n’aura pas d’indications sur le temps réellement travaillé ». Avec à la clé des risques de dépression ou de burn-out.
L’AMUF a de nouveau rendez-vous au ministère de la Santé ce mercredi 13 juillet « pour faire avancer le dossier ». Patrick Pelloux est raisonnablement optimiste : « Xavier Bertrand a compris ce qui se passait, assure-t-il, il a pris conscience de nos conditions de travail et de l’état des hôpitaux ».
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