Pour son tout premier déplacement officiel depuis sa nomination à Matignon, Michel Barnier a donc choisi de se rendre, samedi 7 septembre, au Samu de Paris, à l'hôpital Necker, dans le XVe arrondissement, où il a visité la salle de régulation et participé à une table ronde avec le personnel soignant.
L’occasion pour le Premier ministre d’affirmer que la santé serait une des « priorités » de son gouvernement. Une manière aussi de rectifier un peu le tir… Lors de la passation de pouvoir avec Gabriel Attal, Michel Barnier avait cité au rang de ses priorités l’école, l’accès aux services publics, la sécurité, la maîtrise de l’immigration ainsi que le travail et le pouvoir d’achat. Mais de la santé et de l’accès aux soins, point de mention explicite…
Les professionnels de santé trouvent rassurant et encourageant que sa première visite soit consacrée à l’hôpital public
Pr Frédéric Adnet
Voici donc le secteur médical replacé aux avant-postes. Depuis l’hôpital Necker, Michel Barnier a exprimé sa volonté que « des progrès rapides soient visibles dans les campagnes dans l'offre de soins (...) en même temps qu'on continuera à s'occuper de mieux faire fonctionner l'hôpital, avec les personnels ».
Des propos généraux mais appréciés par le patron du Samu de Paris, le Pr Frédéric Adnet, présent aux côtés du Premier ministre. « C’est ce que je lui ai dit : les professionnels de santé trouvent rassurant et encourageant que sa toute première visite soit consacrée à l’hôpital public, à la santé et aux urgences, confie le Pr Adnet ce lundi au Quotidien. C’est un symbole fort. Même s’il y a sans doute un petit côté “rattrapage”, étant donné qu’il n’avait pas mentionné la santé dans ses précédentes interventions publiques. »
Des paroles aux actes
Reste qu’au-delà des discours, le secteur hospitalier public attend des actes. Au premier chef, « un moratoire sur les fermetures de lits pour fluidifier l’aval des urgences et un dimensionnement suffisant de l’Ondam [objectif national de dépenses d’assurance maladie, NDLR] afin de permettre à l’hôpital public d’être financé à hauteur de ses besoins », poursuit le Pr Frédéric Adnet.
La question du partage équitable des contraintes entre secteurs public et privé est un autre défi. « Force est de constater que les cliniques ne jouent pas forcément le jeu dans la répartition de l’offre de soins, juge le Pr Adnet. Il faut rapidement qu’il y ait un rappel à l’ordre des missions de l’hôpital privé, notamment en matière de permanence des soins. »
De son côté, la médecine de ville n’est pas en reste quant à ses attentes vis-à-vis du futur gouvernement. Les syndicats de médecins libéraux appellent déjà à l’unisson le nouveau locataire de Matignon à investir massivement dans la médecine de ville.
Pour l’heure, à défaut de pouvoir faire des annonces, le nouveau locataire de Matignon a choisi d’exposer sa méthode. Dans son intervention face aux blouses blanches, Michel Barnier a assuré qu’il serait « à l'écoute » des soignants, précisant que, même « sans faire de miracle » pour la santé, « on peut faire des progrès ». Le Premier ministre, qui refuse de « faire de l’esbroufe », devrait présenter sa feuille de route lors de sa déclaration de politique générale qu'il prononcera devant l'Assemblée nationale « début octobre ».
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