Soins non programmés : au Havre, « SAS passe bien », se réjouissent Aurélien Rousseau, Agnès Firmin Le Bodo et Édouard Philippe

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Publié le 20/11/2023
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Crédit photo : Léo Juanole

Sous le vent et la pluie, les deux ministres de Ségur, Aurélien Rousseau (Santé et Prévention) et Agnès Firmin Le Bodo (Organisation territoriale et Professions de santé) se sont déplacés ce lundi 20 novembre au Havre, accompagnés de l’ancien Premier ministre (2017-2020) et actuel maire de la ville Édouard Philippe, pour une visite santé. Première étape : l’hôpital Monod (du groupe hospitalier du Havre), qui abrite le Samu Centre 15, l’un des pilotes du service d’accès aux soins (SAS) depuis 2021, cette plateforme d'appels qui permet de prendre en charge les soins non programmés en journée.

« C’est la culture havraise : la médecine de ville travaille avec l’hôpital et les collectivités territoriales, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs. Depuis longtemps, ici, les médecins s’organisent entre eux. En attendant que de nouveaux soient formés, puis s’installent, nous arrivons à donner une réponse à tout le monde. Le SAS a intégré une vieille logique dans un nouvel instrument ! », s'est réjoui le maire du Havre. Ce que confirme le ministre de la Santé : « Au Havre, nous sommes dans un cas où les équipes sont mobilisées depuis des années pour répondre à un besoin de la population. Ils n’ont pas attendu le SAS pour l’inventer. »

En semaine comme le week-end !

De fait, depuis le découpage de la ville en quatre en 1978, « les 98 médecins généralistes du Havre participent à la continuité ou la permanence des soins », affirme le Dr Francis Le Sire, directeur médical du SAS et chef du pôle médecine aiguë. Dès lors, « le SAS existait quasiment déjà ici, car nous étions bien organisés », poursuit-il.

Le SAS havrais fonctionne de 7 heures du matin à 22 heures, en semaine, comme le week-end, permettant de n’avoir que « cinq ou six personnes, pas plus », en salle d’attente des maisons médicales, affirme le Dr Le Sire. « Tout n’a pas besoin d’effection : une régulation efficace la réduit ! », explique-t-il, fort de ses 12 équivalents temps plein (ETP), de sa coordinatrice à temps plein et d'un médecin qui coordonne à mi-temps.

30 % des appels n’ont pas besoin de consultation

« Notre organisation permet un décroché rapide : si c’est une urgence immédiate, traitée par l’assistant de régulation médicale, les moyens de réanimation partent en moins d’une minute. Pour un besoin d’ordonnance, le niveau 2, donc un médecin, peut prendre la personne, au téléphone, en une demi-heure », détaille le Dr Le Sire.

Reprenant la formule de François Braun, il résume : « C'est le bon soin au bon moment au bon endroit : une grippe doit être prise en charge en ville, pas à l’hôpital avec sept heures d’attente aux urgences ». Le SAS du Havre gérerait ainsi environ 30 % d’appels qui n’ont pas besoin de consultation. Sont ouverts sur une année 150 000 dossiers de régulation médicale (sur 250 000 appels).

Locaux inadaptés ?

Mais tout est-il si rose sous le ciel gris ? Ronan Migné, superviseur des ARM, regrette, par exemple, « les locaux pas adaptés à l’activité ». En observant leurs bureaux, on peut notamment voir qu’il n’y a pas de place pour agrandir les équipes, qui se marchent déjà dessus. « Ce n’est pas aux normes », appuie Romain Duparc, cadre de santé, qui parle aussi de manque de places de parking pour les voitures qui, « par conséquent rechargent à l’aide de câbles électriques leurs équipements dehors, parfois sous la pluie ». De surcroît, les ARM demandent à couvrir les mêmes plages horaires que les soins de ville. Pour l’instant, ils régulent de 8 à 20 heures la semaine et de 8 à 13 heures le samedi.

Mais est-ce le seul motif d’inquiétude des troupes ? Le généraliste et directeur adjoint du Samu, le Dr Jean-Luc Dumenil, confie l’un des aspects de la discussion avec les ministres et le maire. « Ils sont embêtés, car ils doivent écrire un décret qui régit la totalité des SAS. Mais ce qui leur fait peur, c’est que leur écriture limite les initiatives comme la nôtre. Ils veulent nous donner une norme, mais nous ne sommes pas du tout dans les radars ! » Réponse du ministre, interrogé ce lundi par Le Quotidien : « Nous ne mettrons pas le SAS havrais en difficulté. C’est de la tuyauterie. Ce serait quand même complètement fou qu’à l’issue de la généralisation du dispositif, celui du Havre soit impacté négativement. » Rassurant, donc. D’autant plus que le dernier ministre de la Santé à être passé au Havre était… Olivier Véran, en décembre 2020. « Un ministre qui vient, c’est déjà une qualité ! », ironise le Dr Le Sire.

Objectif santé mentale pour le PLFSS 2025

Les ministres ont également, dans un second temps, visité les structures flambant neuves de psychiatrie de l’hôpital Flaubert. Le bâtiment « le Phare » rassemble désormais les unités de pédopsychiatrie du centre-ville du Havre, tandis que les services d’addictologie et de prise en charge des troubles anxiodépressifs sont regroupés dans un édifice intitulé « Liberté ». Ce dernier a notamment été financé par le « Ségur de la Santé », à hauteur de 2,5 millions d’euros.

Une inauguration symbolique pour l’ancien Premier ministre (le jour de la journée des droits de l’enfant), censée rendre plus attractif l’hôpital du Havre en devenant un pôle de recherche et d’innovation. Une fois n’est pas coutume, sur le sujet de la santé mentale et de la psychiatrie, Aurélien Rousseau renvoie au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025… et aux travaux du Centre national de refondation (CNR) à venir.


Source : lequotidiendumedecin.fr