LES 71 800 PERSONNELS et 15 800 médecins de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont tous reçu, le 4 mars, un mail de leur directrice générale, Mireille Faugère. Objet de ce message : l’annonce d’un « projet de transformation de l’Hôtel-Dieu et de reconfiguration du siège ». Sur le même sujet, la directrice avait auparavant réuni le comité consultatif médical (CCM) de l’Hôtel-Dieu puis les cadres du siège de l’AP-HP.
La nouvelle, dans les tuyaux de l’institution depuis plusieurs années et pour partie développée dans le dernier « plan stratégique » (2010-2014) de l’AP-HP, n’a pas, à proprement parler, constitué une surprise pour ses destinataires. Que prévoit Mireille Faugère ? À l’Hôtel-Dieu, il va s’agir de prendre acte de l’inadaptation du bâtiment aux exigences de la médecine moderne. Fondé en 651, ce qui en fait le plus vieil hôpital de la capitale, l’Hôtel-Dieu est un bâtiment « dont l’histoire, l’architecture, la surface et la situation géographique sont exceptionnelles, mais (qui) est devenu inadapté à la prise en charge de patients lourds ». « Des travaux de rénovation pour sa mise aux normes seraient extrêmement coûteux sans pour autant permettre un dimensionnement suffisant des unités de soins », écrit la directrice générale. Ceci motive le transfert progressif de ses activités d’hospitalisation complètes et de chirurgie ambulatoire à l’hôpital Cochin. L’Hôtel-Dieu ne conservera, à terme, que « sa mission d’accueil des urgences (...), y compris médico-judiciaires, avec un département d’aval des urgences et un SMUR » ; son « centre de diagnostic avec le service d’imagerie » (pour l’accueil des patients de secteur I) sera également maintenu. Une réflexion va s’ouvrir par ailleurs pour créer à l’Hôtel-Dieu un pôle universitaire de santé publique.
Une « grande braderie »?
Quasiment vidé de son activité de soins programmés, l’hôpital devrait accueillir le siège de l’AP-HP, aujourd’hui dispersé entre l’avenue Victoria pour l’essentiel et les sites de Saint-Martin, Miramion et Fossés-Saint-Marcel. Les quatre bâtiments ainsi libérés seront « valorisés », écrit Mireille Faugère. Vendus ? Loués ? Bonne ou mauvaise affaire – la mairie de Paris, en particulier, aurait des doutes sur l’intérêt d’une vente de ce patrimoine – ?On ne sait pas encore quelle sera la forme de ces opérations immobilières. Mais des sites Internet spécialisés ont pris acte depuis plusieurs mois d’une possible vente des presque 40 000 m2 de l’avenue Victoria.
Le déménagement du siège (1 400 personnes comptabilisées en 2009, dont 130 pour la direction générale) pourrait être rapide. Dans son message, la directrice précise que « les premiers services administratifs » s’installeront « très prochainement dans les espaces disponibles à l’Hôtel-Dieu ». Pour le reste, les travaux nécessaires à l’adaptation de l’hôpital à ses nouvelles vocations se feront, dit-elle, « progressivement, sur la durée du plan stratégique ».
Le syndicat SUD de l’AP-HP a qualifié cette opération de « grande braderie », regrettant que des décisions soient prises « dans l’urgence afin de pallier aux restrictions budgétaires, ceci au bénéfice des spéculateurs immobiliers ». Mais pour le reste, le message de Mireille Faugère a suscité peu de réactions. Il faut dire que ses projets ressemblent à s’y méprendre à ceux défendus – en vain – par l’un de ses prédécesseurs en… 2000. À la tête de l’AP-HP, Antoine Durrlemann prévoyait alors de maintenir sur le Parvis-Notre-Dame les urgences classiques et médico-judiciaires (ainsi qu’une activité de dispensaire) et d’y rapatrier le siège. À l’époque, un chirurgien s’amusait dans nos colonnes de cette fermeture de l’Hôtel-Dieu dont on entendait parler, rapportait-t-il, « depuis 1944 »… L’avenir dira si, après plus de 1 350 années de service, l’heure est venue pour l’institution de tourner la page.
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