Y aller certes, mais raison garder ! La Fédération hospitalière de France (FHF) se fixe comme priorité le développement de la chirurgie ambulatoire dans ses 900 établissements, mais avec pragmatisme et discernement.
Ce positionnement n’a rien d’anodin, à l’heure ou la Cour des comptes fait de l’essor de cette prise en charge l’une des conditions sine qua non du redressement des comptes hospitaliers. Jusqu’à cinq milliards d’euros d’économies pourraient être dégagés chaque année (sur les 70 milliards de dépenses des hôpitaux) grâce à la chirurgie ambulatoire, en fermant au passage 48 000 lits de chirurgie conventionnelle sous-utilisés, avaient estimé les « sages », sans doute un peu vite. Ce calcul des magistrats agace au plus point les hôpitaux. Le chiffre de 5 milliards d’économies est « déconnecté de la réalité », tranche Frédéric Valletoux, le patron de la FHF, irrité par l’étiquette de « poule aux œufs d’or » désormais accolée à la chirurgie ambulatoire.
Monts et merveilles
De fait, les hôpitaux estiment s’être déjà engagés dans cette voie. Ils vont continuer. En 2012, les établissements publics ont réalisé 23 % des actes chirurgicaux en ambulatoire dans les CHU et plus de 31 % dans les centres hospitaliers (CH). Même avec un taux hypothétique de 100 % (pour les 56 principales interventions), l’écart de coût entre les tarifs ambulatoires et conventionnels rapporterait 570 millions d’euros, assure la Fédération. Soit dix fois moins que les projections de la Cour des comptes...
Aujourd’hui, seules quatre interventions sur dix sont pratiquées en ambulatoire dans les hôpitaux, soit « la moitié du possible » (80 %) déjà atteint par les États-Unis et le Canada, avait encore grondé la Cour des comptes. Marisol Touraine, prudente, a fixé un objectif de 50 % d’interventions ambulatoires en chirurgie publique à l’horizon 2016. « Des économies sont possibles mais on ne peut trouver monts et merveilles en quelques mois. Le montant de 5 milliards d’euros est infondé », a-t-elle temporisé mardi, lors des vœux à la presse.
Objectif 56 %...
Pour la FHF en tout cas, dépasser les 65 % d’ambulatoire relève de la « pure fiction », au regard des nombreux freins existants (nature différente de l’activité chirurgicale entre secteurs public et privé, populations accueillies, sévérité des cas...). Plus de 15 % des séjours proviennent des urgences et sont, de fait, exclus d’une prise en charge de courte durée, comme les patients très âgés ou trop fragiles. La réticence de certains médecins hospitaliers peut également peser, convient la FHF, de même que la capacité d’investissement limitée des hôpitaux pour se réorganiser. La définition d’objectifs ambitieux en ambulatoire suppose aussi une réorganisation en aval des médecins de ville pour améliorer le parcours des patients (assistance postopératoire, surveillance spécifique, rééducation...).
La FHF préfère tabler « à moyen terme » sur untaux « raisonnable » de 56 % (38 % dans les CHU, 49 % dans les CH). Elle propose la création de centres de proximité de chirurgie inter-établissements, sans lits ni urgences, spécialisés, par exemple, dans l’arthroscopie du genou ou la chirurgie du canal carpien.
Développer les hôtels hospitaliers et la chirurgie ambulatoire en ville sont d’autres options. Enfin, une valorisation des actes ambulatoires serait bienvenue.
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