Bataille du Covid : des étudiants en médecine très mobilisés, pas toujours payés et fatigués, révèle une enquête de l'ANEMF

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Publié le 29/06/2020

Crédit photo : S.Toubon

Les étudiants en médecine de la 2e à la 6e année se sont très fortement mobilisés au plus fort de l'épidémie, révèle une enquête* menée par l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) sur les conditions d'études et de stage durant le mois de mai.

Quatre carabins sur dix se sont engagés durant cette période, soit dans une activité bénévole, soit dans un contrat de travail à l'hôpital (vacations ou missions au-delà de l'activité habituelle en stage). « C'est conséquent, commente Maxime Tournier, chargé de l’Enseignement supérieur à l'ANEMF. Les étudiants se sont engagés, très souvent sans connaître les modalités de rétribution financière, ça traduit une réelle volonté de venir en aide à leurs pairs et de se rendre utile en temps de crise. »

Contrats d'aide-soignant et de régulation SAMU

Dans le détail, 16 % des jeunes ont opté pour une vacation, un contrat signé temporairement avec l'hôpital. Ceux qui sont dans cette situation ont assuré principalement un poste d'aide-soignant (45 %), d'infirmier (14 %), d'agent de service hospitalier (5 %) ou même de brancardier (2 %).

34 % des carabins se sont engagés dans des actions volontaires et bénévoles auprès d'établissements ou d'associations. Ces actions volontaires regroupent l'aide apportée à la régulation du SAMU (31 %), le soutien aux familles de patients (8,9 %), les appels à des personnes isolées (7,6 %), la distribution de masque de protection ou matériel (7 %). D'autres étudiants ont aussi participé à des travaux de recherche clinique (codage, recueil de données) ou réalisé des achats de première nécessité pour des personnes âgées. Même si la plupart des actions étaient réalisées sur la base du volontariat, un tiers affirme avoir touché une rétribution.

L'épidémie a chamboulé les stages du second cycle. Ainsi, presque un externe sur deux (47 %) a vu son stage initial annulé, surtout en 6e année (59 %). Une bonne partie des étudiants (11,5 %) ont été réaffectés dans un autre service car l'activité du stage initial s'est réduite. « La majorité a été réaffectée dans des services d'urgences ou des unités Covid », ajoute Maxime Tournier. Une minorité d'externes (7 %) qui n'étaient pas en stage à cette période ont été tout de même sollicités pour travailler dans un service.

Matériel de protection : des carences

Certes, l'enquête montre que les étudiants ont été en très grande majorité satisfaits de leur encadrement (80 %) et qu'ils se sentaient compétents pour les tâches attribuées (91 %). Plus des deux tiers estiment que ces missions étaient indispensables au bon fonctionnement du service.

Mais plusieurs éléments ont noirci le tableau. La situation réglementaire et contractuelle des carabins mobilisés s'est révélée très aléatoire : 64 % des étudiants n'ont pas signé de contrat de vacation (infirmier, aide-soignant...) lors de leur prise poste – et un tiers n'en ont toujours pas signé à l'issue de l'enquête... Un non-sens pour l'ANEMF qui réclame la signature des contrats même a posteriori afin que les jeunes médecins soient rémunérés.

Autre point noir : l'insuffisance chronique des matériels de protection. 59 % des étudiants en stage ou vacation dénoncent un manque de masques (fréquence de remplacement insuffisante) et 38 % de blouses ou surblouses. Moins de 3 étudiants sur dix n'ont subi aucune situation de manque, de pénurie ou de surexposition à la maladie... 

Même constat sur le dépistage : seuls 7 % des sondés ont été dépistés au Covid alors que 21 % considéraient avoir des symptômes. 

Stress accru pour les examens

Cette période exceptionnelle a occasionné des pics d'anxiété et de stress chez les jeunes. 41 % des carabins déclarent avoir accumulé une fatigue supplémentaire et la moitié d'entre eux ont ressenti davantage d'anxiété que d'habitude à l'approche des examens. « C'est lié à plusieurs facteurs : les incertitudes autour des modalités et des dates des examens et les difficultés à conjuguer activités et révisions », analyse Maxime Tournier.

Les étudiants considèrent enfin que leur rythme de révision a baissé durant les deux mois de l'épidémie. Une partie significative des carabins (28,5 %) affirment ne pas avoir eu accès à l'ensemble des supports de cours car les enseignants ne les avaient pas dématérialisés ou par manque de matériel (ordinateur, réseau).

* Enquête menée auprès de 9 732 en ligne sur les réseaux sociaux entre le 8 mai et le 1er juin. 23 % de 2e année, 21 % de 3e année, 23 % de 4e année 21 % de 5e année et 12 % de 6e année. 


Source : lequotidiendumedecin.fr