« Décevante », « éprouvante », « hasardeuse »… : les fédérations étudiantes tirent un sombre bilan de la réforme de l'accès aux études de santé

Par
Publié le 05/05/2021

Crédit photo : Phanie

L'alerte des étudiants (médecine, pharmacie, maïeutique, kinés, chirurgie dentaire) sonne comme un ultimatum. « Dernière chance pour respecter les ambitions de la réforme de l’entrée dans les études de santé », assènent dans un communiqué commun les fédérations représentatives des étudiants en santé (ANEMF, ANEPF, ANESF, FNEK, UNECD et FAGE).

À quelques semaines de son dénouement, cette « année zéro » – de transition – a été marquée par de nombreux rebondissements pénibles et anxiogènes, dont le dernier en date a été la suppression de l’arrêté fixant le numerus clausus pour les redoublants. Une année « décevante » et « éprouvante », résument les fédérations des juniors, qui attendaient beaucoup de cette réforme signant la fin de la PACES et du numerus clausus (fin de la sélection par l'échec, baisse des risques psychosociaux, diversification des profils, etc.).

Bien au contraire, les fédérations étudiantes pointent toujours un « manque d’anticipation et de préparation, manque de moyens humains et financiers, des programmes surchargés (...), poursuite d’études et seconde chance encore trop floues, capacités d'accueil publiées avec un an de retard… » « Si la crise sanitaire a assurément joué un rôle, rien ne peut excuser la mauvaise volonté et la vision élitiste de certaines universités et enseignantes », accusent les jeunes.   

Programmes PASS démesurés et mineures subies

Depuis des mois, les étudiants de la nouvelle filière PASS (parcours spécifique accès santé avec option d'une autre discipline) subissent une surcharge de travail et déplorent un manque d’équité par rapport aux derniers doublants de la PACES.

« Dans certaines universités, le programme de PASS a été peu, voire pas du tout, réduit. Ajoutant au programme de PACES les enseignements des matières mineures, pour lesquels les enseignants ont parfois des exigences très hautes », déplore Loona Mathieu, vice-présidente enseignement supérieur à l’ANEMF. Selon elle, la réforme aurait dû être l’occasion de repenser justement les programmes « qui ont peu évolué ces dernières années, en intégrant par exemple le numérique ou la relation patient ».

« Le problème est que la mise en place de la réforme a été très hétérogène en fonction des facs », abonde-t-elle. Beaucoup d’étudiants se retrouvent aussi face à des choix de mineures (options) qui ne correspondent pas du tout à leurs attentes, faute de places disponibles sur Parcoursup. Or, ce sont ces enseignements qui conditionneront le futur des étudiants PASS en échec. « Ceux qui n’auront pas validé leur mineure, ne pourront pas aller en L.AS 2 [licence avec option accès santé], précise Loona Mathieu. Nous sommes en train de voir s'il est possible de remonter ces notes, mais nous manquons de visibilité. »

De fait, les places en L.AS 2 ne sont aucunement garanties, notamment pour les étudiants qui souhaitent exercer leur seconde chance en psychologie ou Staps, historiquement surchargées. « La réforme a été mise en place avec les UFR Santé, sans considérer les autres licences », déplore Loona Mathieu. C'est pourquoi l’ANEMF milite pour que tous les étudiants PASS puissent accéder à une place en L.AS 2 en cas d’échec « et au moins dans un domaine similaire scientifiquement ». Surtout, les modalités des poursuites d'études et des secondes chances via les licences doivent être « explicitées et communiquées par les Universités ».

Com' hasardeuse

Dans ce contexte, les jeunes dénoncent la communication « hasardeuse » autour des places offertes en deuxième année attribuées aux redoublants PACES, aux PASS et aux L.AS. « Un nouvel arrêté va être publié pour mentionner les capacités globales », précise Loona Mathieu.

L'année est d’autant plus chaotique que plusieurs collectifs PASS/L.AS ont obtenu la suspension des délibérations des conseils d’administration universitaires, fixant le nombre de places allouées aux étudiants PASS-L.AS, après décision du tribunal administratif. C’est le cas à Marseille ou Montpellier.

« Il est grand temps que les universités n’ayant pas intégré le changement de paradigme souhaité par la réforme prennent leurs responsabilités », exhortent les fédérations. Elles réclament plus que jamais des moyens pour accompagner les augmentations promises de capacités d’accueil, mais aussi l'affichage rapide des numerus apertus pour l’an prochain (nombre minimum d'étudiants à former par fac établi entre les Universités et les agences régionales de santé) « afin de ne pas reproduire le même schéma d'incertitude vécu cette année ».


Source : lequotidiendumedecin.fr