Deuxième cycle des études : les carabins plébiscitent la fin du « tout ECN »

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Publié le 20/11/2017
ECNI

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Crédit photo : S. Toubon

Sortir du « tout ECN », en finir avec le bachotage théorique systématique, développer la simulation, valoriser le parcours personnel… : l'Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF) a levé le voile, ce lundi, sur les attentes des carabins pour réformer le second cycle des études médicales.

Après le fiasco des ECNi 2017, le syndicat avait lancé en août dernier une concertation nationale auprès des jeunes afin d'élaborer une plateforme unique de propositions. En trois mois, l'ANEMF a rencontré les étudiants de 27 facs de médecine. Une enquête a été lancée en parallèle pour sonder les carabins (près 3 500 jeunes ont répondu à l'appel). 

Le second cycle phagocyté 

Première confirmation : les carabins jugent que le deuxième cycle est totalement « polarisé » par les épreuves classantes nationales (ECN), ce qui nuit aux stages et aux expériences personnelles. « Les étudiants ont envie d'en sortir, résume Yanis Merad, président de l'ANEMF. 74 % estiment que les ECN les empêchent de s'investir en stage et 73 % pensent que le classement général [peu discriminant] est délétère. » 

Les jeunes proposent un « matching pour remplacer les ECN », système basé sur un score prenant en compte le niveau de connaissances théoriques mais aussi les compétences cliniques et relationnelles ainsi que le projet professionnel et le parcours. Ce système est censé accroître l'égalité des chances entre les candidats. « Les dossiers seraient anonymes », précise Yanis Merad, afin d'éviter le « copinage ».

Les carabins souhaitent de nouvelles modalités d'évaluation. « Ils ne veulent plus de QCM mais des outils docimologiques plus pertinents », ajoute le président de l'ANEMF. Le test de concordance de script et les questions à réponse ouverte courte devraient être privilégiés.

D'autres outils tels que la vidéo, le son et les imageries complètes pourraient être intégrés dans l'évaluation. Autre proposition : un examen clinique objectif structuré (ECOS), mode d'évaluation répandu au Canada à la faveur de jeux de rôles. « Les étudiants se sont montrés intéressés pour avoir un portfolio afin d'avoir des objectifs dans leur apprentissage », ajoute Yanis Merad.

Pas assez d'innovation

64 % des étudiants jugent que les connaissances ingurgitées sont trop détaillées. Il faut « recentrer sur les notions fondamentales », plaide l'ANEMF, qui souhaite aussi des cours sur l'éthique, la santé publique, le fonctionnement du système de santé ou la télémédecine. La simulation reste un outil plébiscité, même si le développement des outils se révèle hétérogène entre les facultés.

Cette vaste refonte du deuxième cycle et des ECN doit permettre, selon l'ANEMF, « de libérer du temps » pour l'investissement en stage ou pour les activités personnelles qui seront valorisées.

Limiter les tâches administratives

Précisément, la question de l'organisation et du contenu des stages est au premier plan. « 81 % des étudiants jugent que l'encadrement n'est pas suffisant, poursuit Yanis Merad. Et ils se plaignent du nombre de tâches administratives. » Les carabins voudraient démarrer les stages plus tôt dans le cursus et dans des spécialités moins connues. « 60 % veulent aussi développer leurs compétences relationnelles », ajoute le patron de l'ANEMF.

La valorisation du parcours individuel est réclamée – étudier ou faire un stage à l'étranger, s'engager dans la recherche, effectuer un double cursus. « Les étudiants sont dans le même moule, certains veulent modeler leur parcours », affirme le chef de file des carabins. Reste enfin le statut de l'étudiant qui conviendra d'être clarifié. 

Bonne nouvelle : les attentes exprimées aujourd'hui par les étudiants recoupent très largement les premières pistes de la mission sur le second cycle des études médicales, pilotée par le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens, et Quentin Hennion-Imbault, étudiant et ex-représentant de l'ANEMF. Leur rapport est attendu mi-décembre.

Le président de l'ANEMF espère que la nouvelle formule du second cycle sera opérationnelle à la rentrée 2019. 


Source : lequotidiendumedecin.fr