LE QUOTIDIEN : Dix ans après la création de sa filière universitaire, la médecine générale demeure avant-dernière en termes d’attractivité auprès des futurs internes. Pourquoi la spécialité ne séduit-elle pas davantage les jeunes ?
Dr CATHERINE LAPORTE : La médecine générale reste avant-dernière mais le choix se fait un peu plus tôt dans les rangs de classement. Le principal problème est que les étudiants ne la connaissent pas encore assez bien avant de passer les ECN. C'est la raison pour laquelle un vrai stage de découverte de notre discipline pendant l'externat est indispensable. Les étudiants choisissent souvent une spécialité car ils ont rencontré une personne lors d'un stage qui leur a servi de modèle.
La spécialité fait-elle peur ?
Pas particulièrement mais plusieurs études montrent que l'exercice libéral fait davantage peur que le salariat, que la charge administrative au cabinet peut rebuter tout comme l’isolement ou la transversalité de la discipline.
Mais depuis la création de la filière il y a dix ans, énormément de choses ont changé ! L’activité scientifique de notre filière s'est renforcée. Le niveau des thèses en médecine générale a augmenté, les jeunes sont de plus en plus motivés pour faire des années recherche. La création de la filière universitaire fut une petite révolution dans les facs mais il faudra encore un peu de temps pour en mesurer l’impact sur le choix de la spécialité.
Y a-t-il un réel risque, avec la réforme du 3e cycle, de voir les futurs généralistes se détourner de l’exercice de la discipline à laquelle ils ont été formés ?
La réforme du 3e cycle ne va actuellement pas dans le bon sens (l'ouverture de formations spécialisées transversales fait débat entre universitaires et internes, NDLR). Notre cursus ne doit pas devenir une passerelle vers une autre discipline. La formation des généralistes doit s'effectuer davantage en ambulatoire pour rendre la spécialité plus attractive et le DES être de bonne qualité.
Que ce soit 3 ou 4 ans n’est pas le plus important. Il faut surtout donner les moyens aux facultés de recruter suffisamment de maîtres de stage (ils sont actuellement 8 500) pour que tous les externes effectuent un stage de découverte pendant le 2e cycle, et pour que tous les internes de médecine générale puissent réaliser au moins deux stages en cabinet de ville.
La rémunération constitue-t-elle un frein majeur dans le choix de la spécialité ?
Je ne suis pas certaine que la rémunération fasse partie des critères déterminants dans le choix d’une spécialité. Pour autant, une chose est sûre, ce métier mériterait d’être valorisé. La médecine générale n’a pas fini son ascension, en termes de moyens financiers et humains ! Il est intéressant à cet égard de voir que, dans la convention, on essaie de se détacher du seul paiement à l’acte pour accroître les forfaits. Il faut également continuer d'adapter la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) aux demandes du terrain.
Comment expliquez-vous le succès du congrès de la médecine générale, qui rassemble près de 4 000 personnes ?
Le congrès rassemble des généralistes installés mais aussi des enseignants, des chercheurs, des internes et des étudiants. Chacun vient chercher ce qui l'intéresse. Beaucoup de sessions concernent l'exercice quotidien, d'autres les risques psychosociaux, la précarité, des difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans notre exercice quotidien. La manière d’exercer a évolué ces dernières années avec une consultation qui ne se fait plus à deux mais à trois avec un patient de plus en plus informé. D’une médecine très paternaliste, on est passé à une médecine participative. Le succès de ce congrès le prouve, la médecine générale reste un métier merveilleux.
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