Activité et carrière

L’engouement des jeunes pour l’urologie

Publié le 31/05/2012
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Crédit photo : BSIP

À LA FOIS médicale et chirurgicale, l’urologie attire les jeunes. De fait, l’étudiant en urologie bénéficie, en France, d’une formation chirurgicale dispensée pendant les cinq années d’internat, puis, lors des deux années d’assistanat. Une formation qui aborde, à la fois, la chirurgie traditionnelle, incisionnelle, à ciel ouvert, mais aussi des techniques plus récentes telles que l’endoscopie, la laparoscopie et la robotique.

« L’urologie a beaucoup évolué au cours des trente dernières années. C’est une spécialité de pointe dans le domaine de la chirurgie laparoscopique. Nous nous tournons, au fil des années, vers des interventions de moins en moins invasives. La technicité importante que requiert ce type de chirurgie intéresse beaucoup les jeunes en formation » indique le Pr Pascal Rischmann, chef du département d’urologie du CHU de Toulouse, ancien président de l’Association française d’urologie (AFU).

L’aspect médical de la discipline est également riche. Les urologues prescrivent, en effet, beaucoup de médicaments pour traiter les aspects fonctionnels de certaines pathologies plus ou moins bénignes (troubles de la miction secondaires aux pathologies prostatiques, problèmes de statique pelvienne, incontinence urinaire, dysfonction érectile), sans oublier tous les problèmes oncologiques qui réclament une prise en charge médicamenteuse, éventuellement associée à la chirurgie.

Actuellement, les urologues utilisent des moyens modernes d’imagerie pour appliquer leurs propres traitements (ultrasons, cryothérapie, radiofréquence…). « L’imagerie est un nouveau domaine qui fait désormais partie de notre pratique et de notre savoir-faire. En effet, les radiologues ne peuvent pas toujours faire face à la population très importante concernée par notre spécialité. Toutes les grandes équipes d’urologie françaises sont tournées vers ces progrès et ces nouvelles pratiques. Cela génère un dynamisme auquel les jeunes sont très sensibles », précise le Pr Rischmann.

Les conditions d’exercice sont, par ailleurs, un élément clé dans le choix de la carrière professionnelle. « Les aînés que nous sommes avons été très vigilants à maintenir des services de haut niveau au sein des hôpitaux publics et des grandes universités. Nos collègues qui ont une activité libérale ont également fait en sorte de créer des structures (« les maisons de l’urologie ») permettant d’intégrer régulièrement les jeunes médecins et de leur proposer des conditions d’exercice intéressantes. Nous bénéficions, notamment, de plateaux techniques de pointe (laparoscopie, robotique…), répartis dans la France entière, qui assurent aux jeunes urologues un exercice de leur profession dans les meilleures conditions », assure le Pr Rischmann.

Les possibilités de développement de carrière et d’activité attirent également les étudiants. « La moyenne d’âge de nos patients est d’environ 65 ans. Cette population augmentera, en France, de 20 à 30 % dans les dix prochaines années. Les jeunes urologues pourront exprimer leur talent et leur savoir-faire à travers de cette progression démographique », note le Pr Rischmann.

L’investissement de l’AFU.

Chaque année, l’Association française d’urologie (AFU) investit 500 000 euros pour les jeunes. Un montant qui comprend les neuf bourses de recherche accordées chaque année aux jeunes urologues de France, le séminaire annuel de recherche organisé par l’AFU et l’organisation de l’enseignement du Collège français des urologues présidé par le Pr Alain Ruffion. « Cet enseignement théorique, non obligatoire, s’étale sur trois ans. Il est destiné aux internes et jeunes chefs de clinique qui veulent embrasser une carrière d’urologue. Dispensé sous forme modulaire, il fait intervenir les grands experts nationaux des principales thématiques d’urologie (cancérologie, andrologie, lithiase,…). Ce qui constitue à la fois l’une de ses originalités, un facteur stimulant et sa richesse », précise le Pr Rischmann.

L’AFU mise également sur l’enseignement postuniversitaire des urologues en leur offrant une formation continue de qualité. « Nous organisons, chaque année, un grand congrès en novembre rassemblant les aînés et les jeunes générations, un séminaire en janvier regroupant 120 urologues et de multiples petites réunions de formation. Il est rassurant pour les jeunes, de savoir qu’ils peuvent continuer à se former correctement, tout au long de leur carrière », note le Pr Rischmann.

Les domaines de recherche en urologie sont nombreux. Ces dernières années ont notamment été marquées par de grands progrès en cancérologie. « Les urologues traitent 46 % des tumeurs solides de l’homme. Le champ de la recherche urologique est immense et rejoint d’autres domaines tels que la biologie moléculaire. Néanmoins, je ne pense pas que la recherche en urologie soit l’élément déterminant dans le choix des jeunes étudiants pour notre spécialité. Seuls de 10 à 15 % d’entre eux sont intéressés par la recherche dans notre discipline », confie le Pr Rischmann.

D’après un entretien avec le Pr Pascal Rischmann, CHU, Toulouse.

 HÉLIA HAKIMI-PRÉVOT

Source : Bilan spécialistes