À l'initiative de deux étudiantes en médecine

« Paye ta blouse », le site qui s'attaque au sexisme dans le monde médical

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Publié le 09/02/2017
paye ta blouse

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Crédit photo : DR

Elles veulent « libérer la parole ». À l’initiative de « Paye ta blouse », un Tumblr (blog) qui publie les témoignages de sexisme dans le milieu médical, il y a Céline et Mélanie*, deux externes respectivement en 6e et 5e année.

Influencées par les sites « Paye ta shnek » ou « Paye ton taf », qui relatent les remarques sexistes entendues dans la rue et dans le monde du travail, les deux jeunes femmes décident de lancer leur version en octobre et publient les premiers posts en décembre. Très vite, le buzz se fait sur les réseaux sociaux, via les pages Facebook et Twitter.

« La chirurgie, c'est pas pour les femmes »

« Cela a pris une ampleur qu'on n’imaginait pas, 9 000 personnes nous suivent désormais sur Facebook, raconte Céline, 25 ans. La plupart des phrases qu'on relaie sont assez courantes dans notre milieu, toutes les filles qui bossent à l'hôpital les ont déjà entendues. »

Les témoignages – tous anonymes et sans indication de ville – vont de « c’était mieux quand tu avais une petite robe hier » à « la chirurgie, c’est pas pour les femmes », en passant par « c’est l’externe, elle est chaude comme la braise » prononcé par un chirurgien « lorsque l’infirmière a demandé s’il ne faisait pas un peu trop chaud dans le bloc ». Sans compter les remarques misogynes, à connotation sexuelle ou qui semblent datées : « Vous les femmes, vous vous en fichez de l’internat : vous faites médecine pour vous trouver un mari et après vous arrêtez ! ».

Désinhibition 

« Le but, à travers ce site, c'est de faire réaliser aux femmes que ces remarques ne sont pas normales et que, si ça peut faire rire, elles ont aussi le droit d'être en colère », explique Céline. Quant à savoir si les médecins sont majoritairement sexistes, la jeune femme tempère : « C'est le monde médical en général… Combien de fois les patients pensent que les femmes à l'hôpital sont forcément toutes des infirmières ? », rappelle l'étudiante.

« Les témoignages sur les sites similaires, chez les avocats par exemple, sont tout aussi choquants, explique Céline. Mais il y a une désinhibition chez les médecins, qui ont un rapport à la nudité et à la mort forcément différents… Le problème c'est que cela devient une excuse pour dire des choses très choquantes. »

Certains confrères leur ont rétorqué qu'elles n'avaient « pas d'humour » ou que ces remarques étaient tout simplement normales, faisant partie de la longue tradition carabine. « Heureusement, on a aussi plein de gens qui nous disent que ce qu'on fait est bien, alors on ne compte pas s'arrêter là », conclut Céline.

* Les prénoms ont été modifiés.

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9554