Réforme de la PACES: les carabins en quête de clarifications 

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Publié le 12/09/2019
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Nouvelles voies d'accès, sélection remaniée : la réforme de l'accès aux études de santé, attendue en 2020, se dessine. Avec son lot d'incertitudes.

À la rentrée universitaire 2020, la première année commune aux études de santé (PACES) n'existera plus. Mais le décret définitif entérinant les différentes voies d'accès aux quatre formations sélectives de santé (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie – MMOP) s'est fait attendre tout l'été. 

Les étudiants auront schématiquement deux grandes voies possibles en fonction de leur parcours de formation. La première passe par un « portail santé », une année (sans redoublement) axée sur la santé avec de nouveaux enseignements et travaux pratiques à préciser. « Elle vise à apprendre et valoriser des compétences humaines plutôt que de réussir une sélection à tout prix », veut croire Maxime Tournier, chargé de l'Enseignement supérieur à l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Deuxième voie d'accès : des licences prévoyant une « mineure santé ». Une troisième voie sera possible après une formation paramédicale conduisant au titre ou diplôme d'État d'auxiliaire médical d'une durée d'au moins trois ans.

Le portail santé, une PACES revisitée ?

Si ce schéma est arrêté, plusieurs points suscitent l'inquiétude.

L'ANEMF redoute que le portail santé reproduise l'ex-PACES et devienne la voie classique (prédominante ?) d'entrée dans les études de santé, sans changer grand-chose au profil des carabins recrutés. « Or, l'objectif est bien d'en finir avec cette filière unique », rappelle Maxime Tournier. C'est pourquoi l'association nationale des carabins souhaite qu'au maximum 50 % des étudiants admis soient issus de ce portail santé afin de diversifier vraiment les profils. La conférence des doyens réclame de son côté des mesures transitoires dérogatoires pour gérer les flux au mieux puisque les différentes licences mettront plusieurs années à intégrer la mineure santé.  

Autre zone de flou : avec la fin du numerus clausus, la question des modalités pratiques de sélection fait toujours débat. Quelle que soit la voie choisie, les aspirants aux études de médecine devront franchir plusieurs étapes de pré-admissibilité (dossier) et d'admissibilité (épreuves, notes minimales et contrôle continu). Le candidat issu d'une licence classique devra obligatoirement avoir validé sa mineure santé. 

Pour chaque voie (portail santé et licence), deux classements distincts seraient établis. Les mieux classés (« grands admissibles ») passeront directement en seconde année après ce premier groupe d'épreuves. Les autres attaqueront la dernière phase d'admission avec d'autres épreuves écrites et/ou orales à définir. « Les écrits pourraient comprendre des questions à réponse ouvertes courtes [QROC]. Pour les oraux, les étudiants devront être préparés », précise Maxime Tournier.

Mais quelle sera la répartition entre les candidats directement admis en deuxième année et les autres, invités à plancher à nouveau ? Là encore, les avis divergent. Les doyens penchent pour 80 % d'admis directement, faute de quoi l'organisation des épreuves deviendra trop complexe. « Dans les facultés à grandes promotions, il faudrait mobiliser un jury plusieurs semaines », alerte le Pr Jean Sibilia, président de la conférence des doyens. À l’inverse, les jeunes plaident pour un ratio de 30 à 50 % de candidats directement admis en 2e année. « Le candidat ne doit pas être évalué uniquement sur son excellence universitaire mais aussi sur des épreuves qui évaluent ses compétences transversales », souligne l'ANEMF, qui rappelle l'ambition de sélectionner des étudiants plus complets.

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin