12ème congrès de la médecine générale à Paris

Une jeune spécialité en effervescence

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Publié le 05/04/2018
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Réorganisation des soins primaires autour du médecin traitant, innovation territoriale et financière, nouveaux métiers mais aussi structuration de l'enseignement et de la recherche : la jeune spécialité de médecine générale cherche à transformer l'essai pour relever les défis du XXième siècle et renforcer son attractivité. 

Face à une démographie médicale toujours délicate (5,3 millions de Français résident dans un territoire à faible densité) et à une demande de soins croissante, notamment de patients âgés et polypathologiques, les médecins de famille doivent eux aussi se réorganiser. « Si les généralistes ne le font pas, d'autres le feront à leur place. Nous sommes à un tournant jamais connu depuis 30 ans », résume au « Quotidien » le Dr Luc Duquesnel, président de la branche généraliste de la CSMF.

Au cœur des soins primaires

L'exercice en groupe sous toutes ses coutures (cabinets, maisons et pôles de santé), la démarche qualité dans un cadre interpro mais aussi les métiers de santé à l'échelle du territoire et les nouveaux outils numériques seront des thématiques fortes de ce congrès qui attend 4 500 généralistes. « L'urgence est d'enrayer les déserts. Pour cela, il faut mettre le paquet sur la médecine libérale et inciter les médecins à se regrouper », souligne le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. Le syndicat réclame un « forfait structure digne de ce nom de 30 000 euros par an ». Pour le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de la médecine générale, « le regroupement n'est pas la solution unique mais le généraliste doit rester au centre, il pilote la coordination et le suivi du patient. Il est au cœur des soins primaires ».  

Assistants médicaux

Le développement des pratiques avancées des paramédicaux est une autre promesse, à condition pour la profession de garder la maîtrise des transferts d'actes normalement dévolus au médecin. Les infirmières sont en première ligne. À ce stade, le nouveau cadre réglementaire des infirmiers en pratique avancée (IPA) est loin de faire consensus mais les généralistes gardent l'espoir d'un progrès « pour les équipes de soins primaires », lance le Dr Margot Bayart, première vice-présidente de MG France.

Autre piste : la création de postes d'assistants médicaux du généraliste. « Plusieurs pays comme le Royaume-Uni et l'Allemagne l'ont déjà mis en place. Ce n'est ni un médecin, ni un infirmier et ce sont des études à part », précise Marion Bouty, porte-parole des internes de l'ISNAR-IMG (internes en médecine générale). L'objectif est de faciliter le parcours et la prise en charge du patient. « Cette personne pourrait assister le médecin par exemple dans le recueil et la saisie de données dans le dossier médical », suggère le Dr Bayart. « Cet assistant peut également préparer le patient, prendre la tension », complète le Dr Duquesnel. Ou encore prêter main-forte pour gérer la coordination avec les paramédicaux et les spécialistes…

Un enseignant pour 82 internes

La structuration de la formation et de la recherche en médecine générale est une autre priorité partagée. « L'enseignement et la recherche dans notre spécialité accusent un retard de moyens responsable de la désaffection des étudiants », regrette le Dr Anas Taha, président du Syndicat national des enseignants en médecine générale (SNEMG).

La filière universitaire manque toujours de reconnaissance : fin 2017, on dénombrait seulement 187 enseignants équivalent temps plein pour 15 443 internes poursuivant un DES en médecine générale, soit un ratio de 1/82, très loin des autres disciplines médicales (en moyenne 1 enseignant pour 10 étudiants). Le recrutement de maîtres de stage des universités supposera également des moyens supplémentaires, à l'heure où un MSU supervisant un interne gagne 600 euros mensuels et 300 euros pour l'encadrement d'un externe. 

Les internes de leur côté voudraient être mieux formés à la gestion d'une entreprise médicale libérale, source d'appréhension en début de carrière. Le SML partage ce constat et juge urgent de « motiver les jeunes » à se tourner vers la médecine générale de ville. « Il y a 14 000 remplaçants, moi ça m'interpelle », constate le Dr Philippe Vermesch, président du SML. 

 

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9654