« Notre dévotion ne peut justifier de notre soumission » : lettre ouverte d'internes niçois à Véran pour réclamer des revalorisations

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Publié le 22/02/2022

Crédit photo : Phanie

Après deux ans de pandémie, les internes sont à bout et le font savoir. Ce mardi 21 février, le bureau des internes du CHU de Nice a ainsi adressé une lettre ouverte à Olivier Véran, en forme d’un appel au secours et d'une mise en garde. Face à un afflux « sans précédent » de patients, « l’institution tente de tenir, et tient, grâce au dévouement sans égal des internes », rappellent les carabins niçois. « Deux ans que nous nous épuisons à la tâche, deux ans sans la moindre reconnaissance de notre dévotion », cingle l’association de jeunes qui entend interpeller le ministre de la Santé « au nom de tous les internes de France ».

Malgré une présence en première ligne dès les premières heures de la pandémie, le salaire des internes plafonne à « 6,48 nets de l’heure », pour « un temps de travail moyen de 58,4 heures par semaine ». En dessous du Smic donc. « Notre dévotion ne peut justifier de notre soumission », tonnent les jeunes niçois, alertés par leurs camarades sur la détérioration des conditions de travail. « Tous les internes de notre hôpital ont été touchés, que ce soit les spécialités médicales (demandes de remplacement itératif, renfort pour des lignes de garde en urgence) comme les spécialités chirurgicales (multiples déprogrammations de bloc opératoire, demande de soutien global) », détaillent les carabins.

« C’est du mépris envers toute une génération »

Après avoir alerté « à de nombreuses reprises » la direction des affaires médicales du CHU de Nice « pour faire part du mal-être général et de la situation qui risquait d’aboutir à un point de non-retour, las de se battre au quotidien sans la moindre reconnaissance », le bureau élargi des internes des hôpitaux niçois n'a obtenu que « des réponses toujours plus volatiles ». Il passe donc à la vitesse supérieure en invectivant directement le ministre avec une revendication claire : revaloriser les salaires et les gardes de tous les futurs médecins de France.

Car, malgré un Ségur de la santé« miroir d’attentes méprisées », selon le bureau des internes – les rémunérations ne sont toujours pas à la hauteur. En novembre 2020, les salaires mensuels des internes avaient été revalorisés de 119 euros bruts en début d'internat à 163 euros en dernière année. Les indemnités de garde avaient, elles aussi, étaient majorées de 25 %. Par ailleurs, « après plusieurs semaines de combat », « le ministre de la Santé a daigné accorder une majoration exceptionnelle des indemnités de garde au-delà du service normal du 1er au 31 janvier 2022 ».

Trop peu pour les internes, qui dénoncent une « tentative supplémentaire pour faire taire les internes, pour faire taire l’hôpital ». « Un tel manque de considération ne peut plus durer. C’est du mépris envers toute une génération », ajoutent-ils encore. Dans l’attente d’une revalorisation salariale « sans précédent », le bureau des internes niçois espère que leur courrier ne restera pas lettre morte.

Le président de la commission médicale d’établissement, ainsi que le directeur général du CHU, Charles Guepratte, sont également destinataires du texte. « Si le message se diffuse, cette lettre devra évoluer et évoluera à l’échelle nationale vers un mouvement de grande ampleur », préviennent les internes, précisant « qu’il ne s’agit pas d’un combat d’enfant pourri gâté, ni même d’un caprice de futur médecin ».


Source : lequotidiendumedecin.fr