Après la réforme du 3e cycle en 2017 et celle de l’accès aux études de santé en 2020, c’est au tour du 2e cycle d’être complètement remanié, dès cette rentrée. L’entrée en vigueur de la réforme – qui entendait mettre fin au bachotage par les étudiants au profit de l’acquisition de compétences – avait été repoussée d’un an en raison de la crise sanitaire.
Elle acte notamment la fin des Épreuves classantes nationales (ECN), qui avaient elles-mêmes remplacé l'ancien concours de l'internat, mais restaient fondées sur le contrôle de l'accumulation de connaissances, au prix de trois jours d’angoisse monstre pour les futurs internes.
Épreuves en deux temps
Dès 2023, les ECN seront donc remplacées par plusieurs épreuves, mêlant connaissances théoriques et compétences cliniques. Un décret, publié le 8 septembre, vient préciser les modalités d’examen et d’accession à l’internat pour les étudiants en 6e année de médecine.
Ainsi, les épreuves se dérouleront en deux temps lors de cette dernière année d’externat. En octobre d’abord, les futurs internes passeront les Épreuves dématérialisées nationales (EDN) – qui pèseront pour 60 % de la note finale. Puis en mai, les examens cliniques objectifs et structurés (ECOS), pour 30 % du score. Les 10 % restant seront consacrés à la valorisation du parcours universitaire de l’étudiant : double cursus, voyage à l’étranger, recherche…
« C’est une nouvelle stratégie de formation et d’affectation, construite avec enseignants et étudiants. Place à la pédagogie active basée sur les compétences, le raisonnement clinique et la simulation ! », a réagi la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, sur Twitter.
C’est acté ! Le décret sur la réforme des études de médecine est paru. C’est une nouvelle stratégie de formation et d’affectation, construite avec enseignants et étudiants. Place à la pédagogie active basée sur les compétences, le raisonnement clinique et la simulation ! pic.twitter.com/thf7zoj8kl
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) September 8, 2021
« C’est la fin du bachotage, et cela permettra d’avoir une 6e année plus professionnalisante car les étudiants seront en stage à temps complet », explique au « Quotidien », Marie Bousigues, vice-présidente chargée des affaires sociales et études médicales à l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Note minimale
Première épreuve d’admissibilité à l’internat, les Épreuves dématérialisées restent néanmoins une évaluation des connaissances théoriques, sous forme de QCM ou de questions ouvertes par exemple. En outre, la note obtenue en automne lors des EDN sera déterminante pour la suite de l’année. Le décret précise ainsi qu’une note minimale – encore à définir par arrêté – devra être obtenue. Selon nos informations, il s'agirait d'avoir au moins 14/20.
Faute de quoi l’étudiant ne pourra participer à l’épreuve suivante : les ECOS. « Les connaissances à acquérir sont divisées en trois rangs : A, B et C. Et le rang A défini les savoirs de base, nécessaires à tout médecin. C’est sur ce programme que l’étudiant devra avoir davantage que la moyenne », précise la représentante de l’ANEMF.
Des épreuves de rattrapage sont prévues et le redoublement sera possible en cas « de force majeure ou pour une raison médicale dûment justifiée », souligne le décret. D’autres modalités de redoublement seront précisées par un arrêté. Attention cependant : lors du classement final - déterminant pour les affectations d’internat - « ce sera la note de la première session qui sera conservée », poursuit Marie Bousigues.
Oral clinique
Seconde épreuve : la mise en situation clinique ou ECOS. Rédaction d’ordonnance, prise en charge d’un patient, mise en place d’une démarche préventive… 356 items pourront être évalués, avec pour objectif de « tester la capacité de l’étudiant à mobiliser et à mettre en œuvre ses connaissances ainsi que ses aptitudes comportementales pour répondre à des situations cliniques contextualisées », détaille le texte. L’épreuve se déroulera à l’oral devant un jury composé de deux évaluateurs, dont l’un ne dépendra pas de la même faculté. « C’était très important pour nous, pour une question d’équité », souligne la représentante de l’ANEMF.
Là aussi, une note minimale sera requise pour accéder à l’internat. Si l’étudiant n’a pas validé ses ECOS, il pourra conserver sa note obtenue aux EDN l’année suivante. À ces deux notes viendront s’ajouter « des points de valorisation attribués au parcours de formation et au projet professionnel », ajoute le décret.
Place au matching !
La réforme vient totalement bouleverser la procédure d’admission et marque la fin du classement unique des 9 000 futurs internes. Fini la liste, place au matching ! Ou encore appelée dans le décret « la procédure nationale d’appariement matérialisée » qui prévoit que les « affectations se réalisent à l’issue de la procédure nationale fondée sur un appariement entre les vœux de l’étudiant et les postes ouverts dans une spécialité et dans une subdivision territoriale au regard des notes obtenues ».
En pratique, les étudiants formuleront leurs vœux de spécialités et de CHU de rattachement. Puis une pondération des trois notes obtenues sera appliquée de manière différente en fonction des spécialités souhaitées. Le tout sous l'égide d'un algorithme, encore en cours de développement. « La pondération permet d’établir non plus un classement national, mais un classement par spécialités. Donc 44 classements », précise Marie Bousigues. En d’autres termes, « une question de cardiologie aura un coefficient très fort si vous postulez en cardiologie, moyenne pour la pneumologie, et faible pour une spécialité qui ne nécessiterait pas forcément ces compétences », détaille-t-elle. À noter que la pondération des notes obtenues aux ECOS ne pourra être inférieure à 30 % de la note globale.
La mise en place complète de cette procédure d’affectation est prévue pour 2024. Les étudiants qui passeront les derniers ECN en 2023 essuieront les plâtres des nouvelles épreuves mais conserveront la procédure d’affectation initiale à savoir, pour la dernière fois, le classement unique.
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