Temps de travail, attractivité : face aux directions, les internes posent leurs conditions au salon hospitalier SantExpo

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Publié le 10/03/2021

Crédit photo : PHANIE

Décompte du temps de travail, place réelle dans la gouvernance, soutien à l'exercice mixte... Les attentes des internes restent inassouvies, ont rappelé ce mercredi leur syndicats (ISNI et ISNAR-IMG) lors du salon hospitalier SantExpo, face à des représentants des directions d'établissements hospitaliers.

Le respect strict du temps de travail des internes – normalement limité à 48 heures par semaine par la loi – est l'un des chevaux de bataille historiques des juniors. Il est encore en moyenne de 58 heures par semaine, et atteint jusqu'à 80 heures dans certains services de chirurgie. « Les tableaux de service permettant de comptabiliser le temps de travail des internes, pourtant en place depuis six ans, ne sont pas remplis et sont peu connus dans plus de la moitié cas », cadre Morgan Caillault, président de l'ISNAR-IMG, qui réclame des sanctions en cas d'abus et une meilleure formation des chefs de service. Une mesure du Ségur doit permettre un contrôle de ces tableaux de service, à la fois par les facultés via le portfolio et par les établissements. L'ISNI de son côté demande toujours un décompte horaire du temps de travail (et non pas en demi-journées) et revendique un statut de « praticien en formation ». 

Centraliser les problèmes

Autre requête portée par les internes, une implication accrue dans la gouvernance des établissements. Déjà admis dans les CME et au niveau des directions, ils veulent peser davantage à l'échelle des services. « Les internes ont tout leur rôle à jouer et leurs réflexions à apporter », estime Morgan Caillault. « Là où on peut avoir avoir une position intéressante, c'est en centralisant les problèmes d'un service (régie, salles de garde)  auprès de la direction des affaires médicales sans passer forcément par les CME », précise Léonard Corti, porte-parole de l'ISNI.

Les jeunes médecins plaident aussi pour le soutien à l'exercice mixte, plébiscité par la nouvelle génération. « Les établissements doivent se reposer la question du cloisonnement et voir davantage les choses sur une zone de santé donnée, en repensant l'organisation à l'hôpital et en ville, sans penser temps partiel d'un côté ou de l'autre », souligne Léonard Corti.

L'ISNAR-IMG, de son côté, demande la création d'une formation spécialisée transversale (FST) de médecine polyvalente pour permettre aux internes de médecine générale d'exercer dans les services hospitaliers dédiés. Enfin, la réforme du statut de PU-PH est une autre priorité afin d'éviter la concentration des missions.

Dynamisme du service

Alors que 23 % seulement des internes indiquent vouloir rester à l'hôpital public, les directions d'établissement s'adaptent tant bien que mal pour fidéliser les internes après leur cursus. « Au delà de la région, les internes regardent le dynamisme d'un service, les projets menés, les conditions de travail et bien sûr le respect du temps de travail, soutient Cyprien Huet, directeur adjoint aux affaires médicales du CHRU de Lille. Quand on s'en préoccupe, mécaniquement les internes privilégient ces services ! »

Les considérations plus pratiques comme la carte d'établissement, l'accès au logiciel du CHU sont aussi à prendre en compte. A l'heure où les réputations « se font et se défont », Maxime Morin, directeur du CH de Roubaix (Nord), appelle lui aussi à « envoyer les bons messages depuis les services, sur les questions d'accueil, de travail au quotidien, de formation ».

La problématique des conditions de travail et des risques psychosociaux est revenue sur le devant de la scène après le suicide de quatre internes en ce début d'année. 


Source : lequotidiendumedecin.fr