Un jeune, une spécialité

Quentin Estrade : il n’y a pas que la cardio dans la vie !

Publié le 30/12/2021

Actuellement en 2e semestre de cardiologie à Toulouse, Quentin Estrade rêve d’une carrière universitaire… ou d’une installation en libéral dans sa Narbonne natale. Seule certitude : de la politique au rugby, il entend bien avoir une vie hors de la médecine.

QuestinEstradePhotoLouisMcHughVignette

On peut être interne, rugbyman chevronné, et… candidat aux législatives de 2022. La preuve : Quentin Estrade, qui termine actuellement son deuxième semestre de cardiologie à l’hôpital toulousain de Rangueil, n’est pas qu’un membre éminent des équipes de l’ovalie universitaire dans la ville rose. Il a aussi décidé de briguer, au printemps prochain, le siège de député de Narbonne, sa cité d’origine. Voulant mettre toutes les chances de son côté, il a même fait paraître au printemps dernier un livre* pour présenter aux électeurs de l’Aude sa vision du monde.

Cette candidature aux législatives n’est que l’un des jalons d’un parcours qui n’en est encore qu’à ses prémisses, mais qui semble entièrement tourné vers les autres. La preuve : alors que beaucoup d’internes ont une idée bien arrêtée de ce qu’ils veulent faire, Quentin, lui, s’est toujours laissé guider par des rencontres. « Quand j’étais petit, mon généraliste était aussi rugbyman, il avait la classe, et j’avais envie de faire comme lui, admet-il sans ambages. C’est comme cela que je me suis retrouvé en médecine. » Une fois admis à la fac de Toulouse, ce sont encore les amitiés sportives qui décident de son sort. « En faisant du rugby, à la fac, j’ai rencontré beaucoup d’internes et de chefs, dont notamment un cardiologue et un orthopédiste, se souvient l’interne. Je marche au coup de cœur, et je me suis dit que je devais faire soit l’un, soit l’autre. »

Cardiologie binaire

Ce sera finalement la cardiologie, « parce que c’est une spécialité où, même si personne ne veut de moi à l’hôpital, je pourrais toujours m’installer en libéral chez moi, à Narbonne », sourit le jeune homme. Mais ce n’est pas tout à fait l’option qu’il souhaite privilégier. Car ce qu’il préfère, en cardiologie, nécessite un plateau technique qu’on ne trouve pas dans un cabinet libéral isolé : son dada, c’est l’interventionnel. « J’aime bien l’idée de faire des coro, de mettre des stents…, se prend-il à rêver. C’est bouché, je débouche : je suis un peu binaire, c’est mon côté rugbyman ! »

Derrière son apparente bonhomie, Quentin nourrit de grandes ambitions. « Si j’en ai la possibilité, je voudrais m’engager sur la voie royale, et devenir PU-PH », souffle-t-il. Car le Narbonnais aime voir les choses en grand, et cela n’est pas valable uniquement dans la sphère cardiologique. C’est ainsi qu’en politique, l’aspirant député, qui se revendique centriste, mais sans étiquette, n’hésite pas à se comparer implicitement… au président de la République. « Emmanuel Macron a une théorie du premier de cordée, mais moi, j’ai une théorie de la mêlée, explique Quentin. On joue collectif, on ne peut se passer de personne et tout le monde dépend de tout le monde. »

Prodige de la République

Et il ne faut pas croire que cette théorie mélangeant sport et politique ne repose que sur des paroles en l’air. Quentin a déjà prouvé qu’il savait passer aux actes : lors du premier confinement, au printemps 2020, celui qui était alors externe a créé avec des amis de l’Association des carabins toulousains pour le rugby (ACTR) une association baptisée « Une mêlée contre le covid », qui est venue en aide aux personnes isolées via le portage de courses ou de repas, par exemple. Une action pour laquelle, en mai 2020, le jeune homme a été reçu à Paris par la ministre de la citoyenneté Marlène Schiappa lors d’une cérémonie en l’honneur des « prodiges de la République ».

Reste à savoir comment concilier le cursus de l’interne avec les ambitions de l’homme politique. « J’ai toujours été un peu hyperactif », reconnaît le futur cardiologue qui n’a pas vraiment l’habitude de « passer ses soirées à jouer à la Playstation ». Reste que ses plannings risquent d’être délicats à boucler dans les mois qui viennent. « J’ai la chance d’avoir des doyens qui sont compréhensifs et qui me facilitent les choses, se réjouit-il. Je vais faire mon prochain stage à Carcassonne, c’est à une demi-heure de Narbonne. » Au menu, à partir de novembre, donc : les journées à travailler à Carcassonne, et les soirées et week-ends à écumer le terrain à Narbonne. Et s’il est élu ? « On pourrait penser à muter mon dossier à Paris, pour que je puisse continuer », avance le candidat. Mais patience, on n’en est pas encore là.

* Quentin Estrade, L’Humain au cœur !, éditions Cent mille milliards, juin 2021

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du médecin