Depuis l'avenant 7 signé en juin et l'arrêté publié mi-août au Journal Officiel, les médecins généralistes et spécialistes libéraux exerçant en groupe et à tarifs opposables peuvent bénéficier d'une aide financière de l’Assurance maladie pour recruter un assistant médical. En échange, les médecins devront voir plus de patients dans l’année et agrandir leur patientèle médecin traitant (sauf ceux aux patientèles les plus importantes, qui devront maintenir leur activité).
Dans ces conditions, le recrutement d'un assistant est-il intéressant, notamment pour un jeune généraliste qui s'installe ? En mars 2019, deux tiers des médecins interrogés dans une enquête du SML jugeaient « peu ou pas utile » l’embauche d’un assistant. Si les médecins dénoncent des charges administratives trop lourdes, en moyenne 6 heures par semaine (sources DREES), les jeunes sont aussi frileux à franchir le pas. 52 % des jeunes médecins interrogés au printemps dernier par le syndicat Reagjir déclaraient qu'ils ne prendraient pas d’assistant médical, 25 % ne savaient pas tandis que seuls 22 % répondaient oui.
Une hausse de la patientèle difficile à atteindre
L'augmentation de la patientèle, le ciblage de zones particulières, ou le mode d’exercice collectif demandés aux médecins sont des contraintes à l'origine de cet accueil froid : « Les jeunes médecins sont à 68 % contre une augmentation imposée du nombre de consultations et à 78 % contre le fait de devoir en contrepartie accroître leur patientèle en visant des objectifs chiffrés », précise Reagjir. Le Dr Élise Fraih, vice-présidente du syndicat, confirme : « Si nous souhaitons être épaulés sur la facette administrative voire la délégation de coordination, nous n’imaginons pas atteindre les chiffres d’augmentation de patientèle, c’est quasi-impossible ! »
Il est ainsi prévu qu'un généraliste étant médecin traitant de 900 patients en suive 234 nouveaux et qu'un MG qui aurait été déclaré médecin traitant de 1 600 personnes prenne en charge 107 nouveaux patients.
La restriction de l’aide à l’embauche d’un assistant médical aux zones sous-denses est perçue comme un non-sens par la jeune génération. Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) est tout aussi sceptique sur le dispositif. Dès le 20 juin, il redoutait que les assistants médicaux soient « bien souvent de petites mains permettant aux médecins de répondre à la demande administrative d'augmentation des actes...».
Une aide substantielle mais...
Et pourtant, la mariée paraît belle et le financement assuré par l’assurance maladie est substantiel. Le montant de cette aide versée dans le cadre du forfait structure, à répartir entre les médecins employeurs, sera de 36 000 euros la première année, 27 000 euros la deuxième et 21 000 euros la troisième. À compter de la troisième année, l’aide sera maintenue si les objectifs sont respectés. Elle pourra être minorée voire supprimée dans le cas contraire.
Pour bénéficier de l'aide, le praticien doit appartenir à la population des 70 % de généralistes accueillant le plus de patientèle. Un primo-installé devra pour sa part appartenir aux 50 % ayant le plus de patients au bout de la troisième année de contrat.
Pas d'effet couperet après la 3e année, assure la Cnam
Interrogée par le Généraliste, la Cnam comprend les réticences des jeunes médecins mais se veut rassurante sur les modalités et risques financiers qu’elle dit limités. « Sauf pour un médecin qui aurait un niveau d’activité faible peu probable au regard des besoins actuels, il n’y aura pas d’effet couperet à l’échéance de la 3e année mais une modulation des aides en fonction de l’atteinte des objectifs, » déclare Delphine Champetier, directrice de l’offre de soins à la Cnam.
« La mesure a été volontairement conçue pour être ouverte et souple, expliquait l'Assurance maladie lors de la signature de l'accord. C’est le médecin qui décide selon sa pratique et l’organisation de son cabinet s’il veut être épaulé par un assistant médical et qui détermine les missions qu’il souhaite lui confier : soutien administratif, accompagnement de la consultation, organisation et coordination avec les autres acteurs de santé. »
Les praticiens pourront assigner à ces assistants médicaux des tâches administratives (accueil, création du dossier informatique, gestion des appels, facturation…), en lien avec la préparation et le déroulement de la consultation (habillage, déshabillage, prise de constantes…) et la coordination avec les autres acteurs de sa prise en charge. Les futurs assistants médicaux, dont la grille de salaire a été récemment révélée, devront passer par trois ans de formation en alternance. Les aides-soignants ou secrétaires médicaux qui souhaitent devenir assistants devront quant à eux suivre une formation continue.
Pas de précipitation
« On aurait aimé des objectifs qualitatifs plus que quantitatifs, conclut Élise Fraih. Pour nous une consultation saucissonnée en déléguant les relevés de constantes ou les vaccins par exemple empêcherait une prise en charge globale des patients, restreindrait le dialogue singulier qui s’établit dans ces courts moments et pourrait nous faire passer à côté de problématiques. » Alors que vont faire les jeunes médecins ? Attendre et voir ce qui se passe ailleurs. En tous cas ils ne devraient pas se précipiter dans ce nouveau dispositif.
A.C.
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