Pour mieux se former au grand-âge, les jeunes médecins veulent plus de stages en Ehpad

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Publié le 10/10/2020

Crédit photo : BURGER/PHANIE

En visite dans un Ehpad il y a deux semaines, Emmanuel Macron a indiqué vouloir présenter son projet de loi sur le grand âge et l’autonomie début 2021. Promise par le président dès juin 2018, cette réforme d'envergure se fait attendre, ayant déjà fait l'objet de publication de deux rapports en mars et octobre 2019. Sans attendre, les étudiants en santé ont décidé de prendre les devants.

Treize organisations étudiantes dont l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) ou l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) viennent de publier une contribution regroupant 33 propositions pour faire évoluer les professions auxquelles ils se forment afin d'être mieux armées à la prise en charge du patient âgé. « Plus d’un an après la publication de ces rapports, malgré l’impact majeur qu’a eu la crise sanitaire et maintenant sociale du coronavirus sur les personnes âgées, il est malheureux que les réflexions autour du grand âge ne se soient toujours pas concrétisées en actes », écrivent ces organisations de jeunes.

Création d'une spécialisation en médecine polyvalente pour les IMG

Pour les futurs professionnels de santé, les premières améliorations passent par la formation et en premier lieu la diversification et l’augmentation de l'offre de stages. Ils demandent l’ouverture de terrains de stage en Ehpad et dans les Unités de soins longue durée (USLD). Mais cela doit passer également par une amélioration des terrains de stage déjà existants « En effet, les lieux de stages ouverts pour pallier le manque de personnel des établissements ne devraient plus exister. Les étudiants ne doivent pas être une variable d’ajustement », estiment-ils. Ils appellent également au développement des stages interprofessionnels en gériatrie, en structure hospitalière mais aussi au sein d’équipes mobiles ambulatoires. 

Aujourd’hui, les services de médecine polyvalente au sein des hôpitaux sont majoritairement gérés par des généralistes, soulignent les étudiants. « De par son approche globale du patient, la médecine générale est tout à fait légitime, au même titre que d’autres spécialités (comme la médecine interne, par exemple) pour s’occuper de patients relevant de la médecine polyvalente », écrivent-ils. Comme c’est le cas pour d’autres spécialités, ils demandent donc la création d’une FST (formation spécialisée transversale) de médecine polyvalente, qui soit accessible aux internes de médecine générale. Une option qui offrirait une nouvelle voie reconnue aux IMG qui souhaitent exercer à l’hôpital ou en exercice mixte.

Pour l’ensemble des études en santé, sur ce thème du grand âge, les structures étudiantes souhaitent également le développement d’enseignements réalisés en partenariat avec les patients, d’innovations pédagogiques comme les enseignements de simulation ou encore de séminaires interprofessionnels. Enfin, la contribution appelle aussi à favoriser la recherche en soins primaires et donne l’exemple de la prédiction de la chute chez les personnes âgées.

Directives anticipées : une consultation à 60 euros et un indicateur Rosp

Dans leur contribution, les professionnels de santé de demain ont également axé leur travail sur l’amélioration de la prévention auprès du patient âgé. Le remboursement de l’activité physique adaptée (APA) est l'une des pistes évoquées. Ils proposent aussi la création d’une consultation obligatoire de prévention à 45 ans, une autour de l’âge de départ à la retraite à 65 ans et ensuite une tous les 10 ans jusqu’à 85 ans « pour aborder la notion de personne de confiance et les directives anticipées ». Sa cotation pourrait être alignée sur celle de la visite d’évaluation de la dépendance par le médecin traitant (VL) de 60 euros.

Parmi les propositions, figurent aussi la création d’un indicateur ROSP pour la rédaction des directives anticipées afin d’y inciter les généralistes. Les structures suggèrent d’ailleurs que les étudiants soient formés à leur rédaction. 

L’interprofessionnalité étant une des clés dans la prise en charge de la personne âgée, les jeunes souhaitent que l’engagement dans les CPTS soit encouragé par une majoration des financements forfaitaires. La démocratisation des lignes téléphoniques directes entre soignants de premier recours et spécialistes hospitaliers, la création d’un protocole standardisé d’admission directe en milieu hospitalier ou encore le rapprochement de tous les acteurs du troisième âge au sein d’une même structure, type « maison des aînés et des aidants départementale », sont autant de mesures susceptibles d’améliorer la prise en charge des aînés, selon les professionnels de santé de demain.


Source : lequotidiendumedecin.fr