Démographie médicale

Une généraliste viennoise veut trouver ses futurs collègues grâce à des week-ends découverte

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Publié le 12/11/2021
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Seule généraliste de son secteur depuis deux ans, le Dr Cécile Richard met en place des « week-ends séduction » pour faire découvrir sa région et convaincre d’autres jeunes généralistes de la rejoindre et écrire un projet de santé.

Crédit photo : dr

Le Dr Cécile Richard est prête à troquer temporairement son stétho pour l’habit de guide touristique afin de convaincre d’autres généralistes de rejoindre Les Trois Moutiers.

Installée depuis deux ans dans cette commune de la Vienne, la praticienne de 38 ans est depuis son arrivée la seule généraliste du canton, qui représente 5 000 habitants. Éloignée des grandes villes du secteur, la commune se situe pile au milieu, à 70 km d’Angers, Tours et Poitiers.

« Nous sommes dans un secteur peu connu au nord du département, je souhaite donc faire découvrir le coin à d’autres jeunes généralistes », explique-t-elle.

De son côté, elle a découvert le secteur après un stage pendant ses études, « j’ai apprécié le travail avec le Dr Villiers et je savais déjà que je voulais m’installer dans un coin où il y en avait besoin à la fin de mon internat », confie-t-elle. Dans un premier temps, elle devient donc adjointe du Dr Villiers, puis prend sa suite il y a deux ans. À l’époque, elle pense que son installation en entraînera d’autres.

« Quand je me suis installée, j’ai d’abord relancé les réseaux sociaux, le site internet, je me disais comme je suis nouvelle médecin et déjà là ça va forcément attirer quelqu’un d’autre, mais en fait ça ne venait pas. »

De nombreux paramédicaux

Pourtant, la généraliste est déjà bien entourée dans le cabinet où elle travaille : une sage-femme, un kinésithérapeute, une orthophoniste, une orthoptiste, un pédicure-podologue et deux cabinets d’infirmiers.

Mais côté médecin de famille, elle reste seule. L’absence d’un deuxième généraliste l’empêche notamment de concrétiser la naissance d’une MSP ou de mettre en place tous les projets de santé qu’elle souhaiterait. À cela s’ajoute le fait qu’il n’y a pas de répit pour elle, « les semaines où je suis en vacances, je suis quand même connectée au cabinet, je vais y passer une ou deux fois pour régler les problèmes urgents, je vais regarder les biologies etc. ».

Mais la jeune généraliste ne se laisse pas abattre et veut mettre toutes les chances de son côté pour attirer des futurs collègues. Ce week-end, elle avait donc prévu de lancer ce qu’elle avait baptisé : « un week-end séduction ».

« Je souhaitais faire venir des médecins, avec l’appui du Center Parcs nous voulions proposer des nuits en cottage avec accès au parc, faire découvrir à la fois l’environnement médical, mais aussi les attractions touristiques. Nous avons des jolis paysages, un joli château etc. », détaille-t-elle.

Une rencontre était aussi prévue avec le Conseil départemental de l’Ordre, « très impliqué avec les médecins du coin » et une présentation des aides à l’installation disponibles dans le secteur devait avoir lieu.

Une page blanche à remplir

Faute d’inscription, ce week-end n’aura finalement pas lieu, mais le Dr Richard ne désespère pas de faire découvrir son coin, « je garde l’idée sous le coude, et s’il y a des médecins qui veulent venir, on leur organisera un week-end à la carte ».

Car la généraliste, également présidente du syndicat ReAGJIR Poitou-Charentes, fourmille d’idées et elle en est persuadée, la vie de généraliste aux Trois Moutiers à beaucoup à offrir.

« C’est un super projet à mettre en place. Nous avons du monde derrière au niveau social et paramédical, beaucoup de gens dynamiques et qui ont envie d’aller de l’avant. Nous sommes sur une page vierge, et par conséquent on peut ramener toutes ses idées et tout proposer. »

Selon elle, l’ARS et la CPAM sont d’ailleurs prêtes à accueillir toutes ces idées et les accompagner.

Autre facteur positif pour le Dr Richard, elle peut aussi compter sur une patientèle « très prévenante ». Avec les médecins du secteur du Loudunais, viennent également de se lancer des réunions pour « créer des FMC, se voir plus souvent et éviter l’isolement et répondre à la dynamique du secteur tous ensemble ».

Autant d’arguments pour inciter d’autres confrères à s’intéresser à sa région et venir la découvrir et peut-être l’y rejoindre.


Source : lequotidiendumedecin.fr