La France parmi les pays les plus exposés aux risques sanitaires liés au réchauffement climatique selon le « Lancet Countdown »

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Publié le 03/12/2020
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Crédit photo : AFP

La France est un des pays les plus vulnérables au monde face aux conséquences sanitaires du changement climatique, selon le cinquième rapport du « Lancet Countdown ». Ce groupe de travail lancé par la revue britannique est composé d'experts issus de 35 organismes de recherche chaperonnés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Organisation météorologique mondiale et le University College de Londres.

En 2019, la population française a subi une exposition cumulée de 24 millions de jours de chaleur intense. Plus de 8 000 personnes âgées de 65 ans et plus sont décédées en 2018 d'une mort liée aux vagues de chaleur. Une hécatombe qui aurait coûté à la France l'équivalent de 1,3 % de son produit national brut.

Le risque infectieux est également en pleine croissance. Le risque de transmission de la dengue outremer a augmenté de plus de 75 %, à cause des conditions climatiques désormais plus favorables aux moustiques vecteurs des arboviroses. De plus, au cours des 40 dernières années, le risque d'infection à vibrion non cholérique a augmenté de 18 à 25 % dans toutes les régions côtières françaises.

La Covid-19, un crash test révélateur

Dans ce rapport annuel, les membres du groupe de travail ont suivi plus de 40 indicateurs liés à la santé et au changement climatique. Ils estiment que les systèmes de santé ne sont pas préparés à la vague mondiale de mortalité prête à déferler à la suite des vagues de chaleur extrême à venir et qu'aucun pays n'est à l’abri, riche ou pauvre.

« La sortie de la pandémie de Covid-19 est un moment clé pour agir sur le changement climatique », espère les auteurs, qui appellent à « une réponse conjointe aux crises convergentes du climat et de la santé », via la « création d'une économie durable et la protection de l'environnement ».

Au cours des 20 dernières années le nombre de décès liés à la chaleur a augmenté de 54 % chez les personnes âgées de plus de 65 ans. En 2019, les personnes âgées ont été exposées à un total cumulé de 2,9 milliards de journées de canicule, un record près de deux fois plus élevé que le précédent. Les données de mortalité de 2019 ne sont pas encore consolidées, mais on sait déjà que les vagues de chaleur ont causé la mort de 296 000 personnes en 2018.

Éviter l'apocalypse en marche

Les auteurs estiment qu'une politique globale et volontaire contre le réchauffement climatique peut porter ses fruits. Ils donnent pour exemple la diminution des morts associées aux microparticules PM2,5 dans la région OMS Europe, passée de 62/100 000 en 2015 à 59/100 000 en 2018, grâce à une réglementation de plus en plus stricte. La France reste un des pays les plus touchés de la région, avec 25 350 décès prématurés liés aux particules fines en 2018.

Les perspectives du « Lancet Countdown » sont effrayantes. D'ici à la fin du siècle, l'élévation du niveau de la mer devrait causer la migration de 565 millions de personnes, les exposant à davantage de risque sanitaire. Pour le Pr Hugh Montgomery de l'University College de Londres, « la pandémie de Covid-19 a montré à quel point les capacités actuelles de nos systèmes de santé sont incapables d'absorber les chocs à venir. Les flammes, les inondations et la famine ne reconnaissent pas les frontières nationales ou les comptes en banque. Toute la richesse d'une nation ne peut la protéger contre une élévation globale de la température de 1,2 °C. »


Source : lequotidiendumedecin.fr