Selon une nouvelle analyse des données de la Global Burden of Disease Study 2020, publiées dans « The Lancet », la consommation d'alcool ne présente que des risques et aucun bénéfice pour la santé des personnes jeunes, et une faible consommation d’alcool aurait en revanche un effet protecteur au-delà de 40 ans vis-à-vis de plusieurs pathologies.
Les chercheurs du groupe international du « GBD 2020 Alcohol Collaborators », qui se sont appuyés sur les données de 204 pays, proposent ainsi une révision des repères de consommation qui prenne mieux en compte les différences de sensibilité à l'alcool liées à l'âge.
Les jeunes, premières victimes d'accidents liés à l'alcool
En 2020, 1,34 milliard de personnes ont consommé des doses d'alcool dangereuses pour la santé (1,03 milliard d'hommes et 312 millions de femmes). Les jeunes sont en première ligne des consommations problématiques, puisque 59,1 % des personnes qui ont trop consommé d'alcool avaient entre 15 et 39 ans. Par ailleurs, 60 % des accidents corporels (accidents de la route, agression, suicide) impliquant l'alcool avaient pour victime des personnes appartenant à ce groupe d'âge.
En revanche, la consommation quotidienne d'un verre de 3,4 onces* (un peu moins de 100 g) de vin rouge est associée à une réduction du risque cardiovasculaire, d'AVC et de diabète chez les plus de 40 ans, mais à condition de ne souffrir d'aucune pathologie préexistante.
Des doses maximales par tranche d'âge
À partir des données de la Global Burden of Disease Study, les chercheurs ont calculé la dose maximale recommandée pour chaque groupe d'âge. Chez les 15 à 39 ans, elle est d'environ un quart de verre d'alcool par jour, un verre standard d'alcool contenant 10 g d'alcool pur.
Chez les 40 à 64 ans, cette dose maximale est bien plus élevée. Les experts estiment que la consommation d'alcool réduit le risque de pathologies entre 0,527 et 1,69 verre standard par jour pour les hommes, et entre 0,562 et 1,82 verre par jour pour les femmes.
À partir de 65 ans, la limite haute au-delà de laquelle les risques prennent le pas sur les bénéfices pour la santé (toujours pour une population sans pathologie préexistante) augmente encore : 3,19 verres standards pour les hommes et 3,51 pour les femmes par jour.
L'impact de la géographie
Les relations entre la consommation modérée d'alcool et le bénéfice pour la santé des plus de 40 ans varient donc avec l'âge, mais aussi avec la localisation géographique et le profil sociologique. Ainsi, en Afrique du Nord et dans le Moyen-Orient, l'écrasante majorité des pathologies liées à l'alcool étaient des cancers et des maladies cardiovasculaires, alors qu'en Afrique subsaharienne, la tuberculose fait presque jeu égal avec ces deux types de pathologies. C'est la raison pour laquelle la limite de consommation mesurée par les chercheurs, au-delà de laquelle il existe un risque pour la santé, est plus basse en Afrique subsaharienne qu'en Afrique du Nord.
Les politiques de santé publique devraient, selon eux, cibler en particulier les 15 à 39 ans qui sont à la fois les plus gros consommateurs et les plus exposés aux risques de dommages.
« Notre message est simple : les gens jeunes ne devraient pas boire, mais les personnes plus âgées peuvent tirer un bénéfice de consommations de petites quantités d'alcool, résume la Dr Emmanuela Gakidou, professeure de santé publique à l'institut de l'évaluation et des métriques de la santé à l'école de médecine de l'université de Chicago. Il n'est pas réaliste de penser que les jeunes adultes vont s'abstenir de boire, mais il nous paraît important de communiquer les preuves les plus récentes de la littérature afin que tout le monde puisse prendre ses propres décisions de manière totalement informée. »
Les auteurs estiment qu'un message simple consisterait à recommander une dose quotidienne inférieure à 1,87 verre standard par jour et par personne quelle que soit la région, l'âge ou le sexe.
* Mesure de poids anglo-saxonne