La France compte davantage de médecins mais les problèmes d'accès à un généraliste s'accroissent pour une partie de la population. Tel est le paradoxe médical français présenté ce jeudi par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministère de la Santé) dans un rapport sur le profil des médecins et sur l’accessibilité aux omnipraticiens.
Les effectifs de médecins en France – toutes spécialités et exercices confondus – ont continué d'augmenter. Ils sont dorénavant 226 000 en France en activité régulière, en cumulant emploi et retraite, ou en tant que remplaçant. C'est 10 000 praticiens de plus en 2018 qu'en 2012 (+ 4,5 %). Ce résultat s'explique par l'augmentation des effectifs hospitaliers, le nombre de généralistes libéraux ayant stagné sur cette période (+0,7 %), affirme la Drees.
10 % des Français consultent un généraliste 2,7 fois par an
Seuls 0,1 % des Français se trouvent à plus de vingt minutes en voiture du généraliste le plus proche de chez eux et 98 % des patients habitent à moins de dix minutes d'un omnipraticien. À la lecture de ces chiffres, certains seraient tentés d’affirmer que tout va pour le mieux et que la désertification médicale est un mythe. Mais il n'en est rien. S'appuyant sur l’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) calculé sur la base du nombre de visites par an et par habitant, la Drees met en évidence un paradoxe : en dépit d'une hausse globale des effectifs, l'accès à un médecin est rendu difficile pour une partie de la population. 10 % des Français ne peuvent consulter que 2,7 fois chaque année, alors que la moitié d'entre eux peut se permettre quatre consultations annuelles. Pas de différences d’accessibilité en revanche entre les personnes de plus de 70 ans et les autres.
Plus de 9 000 communes « en situation de sous-densité »
Selon la Drees, près de 5,7 millions de personnes résident dans une commune en manque de médecins généralistes et 9 142 communes sont en situation de sous-densité d'omnipraticiens (selon le critère de l'APL, soit un accès à moins de 2,5 consultations par habitant et par an).
Les difficultés d'accès aux soins existent bien selon la Drees, et rien ne dit que la situation va s’améliorer.
Pour tenter de voir plus loin, le service ministériel lance un outil de projection de la démographie médicale. Celui-ci permet d'estimer l'évolution du nombre de médecins dans une région donnée – la Drees a conservé les anciennes régions pour cet outil –dans les années à venir. L'utilisateur peut choisir de simuler plusieurs scénarios en jouant sur trois variables : le numerus clausus, l'âge de cessation d'activité et le flux de diplômés à l'étranger.
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