« Incompréhensible, items inappropriés... » : les généralistes de la FMF torpillent la Rosp

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Publié le 12/01/2021
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Créée en 2011, la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) contribue-t-elle vraiment à améliorer les pratiques des médecins français ? Les adhérents d'Union généraliste (UG), branche de la Fédération des médecins de France (FMF) dédiée aux omnipraticiens, n'en sont pas convaincus. Dans le cadre d’une réflexion conjointe avec le Collège de la médecine générale sur ce mode de rémunération, les adhérents d'UG ont été invités en décembre à répondre à un court sondage.

Les résultats sont sans appel : 81 % des 214 répondants estiment que la Rosp ne permet pas « d’améliorer la qualité de la prise en charge de leurs patients ». Une proportion similaire (83 %) ne perçoit la Rosp que comme « un complément de revenus compensant le blocage du G ». Pour rappel, la prime moyenne perçue en 2020 par les médecins généralistes, au titre de la Rosp pour l’année 2019, était de 5 221 euros (5021 euros pour la Rosp médecin traitant de l’adulte, 200 euros pour celle de l’enfant).

Un mode de rémunération déconnectée de la « réalité médicale »

Trois quarts des sondés (76 %) jugent de plus que le fonctionnement de cette rémunération est « incompréhensible ». Enfin, 86 % des généralistes ayant répondu considèrent que la Rosp est « déconnectée de la réalité médicale ». Également sondés, les médecins du comité directeur d’UG, « probablement davantage informés sur le contenu de la Rosp » selon le syndicat, sont encore plus sévères : 100 % des 24 répondants (sur 43 membres) affirment que la Rosp n’améliore pas la qualité de la prise en charge, et 92 % qu’elle est déconnectée de la réalité médicale. 

Pour UG, la Rosp « porte bien mal son nom ». Le syndicat dénonce des items « dépassés et inappropriés », « pénalisant le praticien alors qu’il n’a pas d’influence sur leurs réalisations ». Dans le viseur des membres du comité directeur, les indicateurs suivant : « HBA1C, MicroAlb, FO, Mammo, dépistage CCR, FCV, vaccin grippe ». Les items affectés par la situation sanitaire actuelle (« taux hypnotiques et BZD, Taux ATB, EFR chez l'enfant, taux de télétransmission ») sont également ciblés. La branche MG de la FMF plaide donc pour une liste d’indicateurs plus restreinte et pour que ceux retenus soient « plus judicieux »

En faveur d'un forfait structure musclé

Union généraliste préconise en outre de valoriser d’autres aspects de la pratique des médecins généralistes. Il est ainsi « urgent et indispensable » selon le syndicat de « reconnaître le vrai investissement du médecin pour améliorer la santé publique de ses concitoyens avec une valorisation de la participation aux soins non programmés, la valorisation de la file active, la valorisation de l’accueil et de la formation des étudiants en médecine ». Ce qui pourrait passer par le « dopage » du forfait structure, que la FMF appelle de ses vœux de longue date. Celui-ci pourrait également permettre aux médecins de s’attacher les services d’un ou d’une secrétaire médical(e) « afin de gérer au maximum les contraintes administratives qui phagocytent le temps médical ».

En conclusion, UG déplore un « gâchis », admettant que l'idée initiale de la Rosp était « plutôt intéressante ». « Peut-être faudrait-il confier son élaboration à des effecteurs de terrain et non à des technocrates issus de HEC ou de l’ENA ? », glisse le syndicat. 


Source : lequotidiendumedecin.fr