La loi de santé de janvier 2016 a autorisé les médecins traitants à prescrire l’activité physique thérapeutique aux patients porteurs d’affections longue durée (ALD). Deux ans plus tard, les médecins du sport déchantent.
« Un décret d’application de mars 2017 et une circulaire ont complexifié le cadre d’application de cette disposition, regrette le Dr Bruno Burel, secrétaire général du Syndicat national des médecins du sport-Santé (SNMS-Santé). Résultat : la prescription d’activité physique est en panne. » Ce constat a été confirmé fin janvier par un rapport flash du député La République en Marche, Belkhir Belhaddad.
Le sport pour réduire certaines ordonnances
Afin de relancer la machine, le SNMS-Santé réclame la création d’un indicateur dans la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Cette mesure est défendue par le syndicat depuis plusieurs années. En vain, pour l'instant. Un item de la ROSP inciterait les « médecins à prescrire l’activité physique en même temps que le reste de son traitement », argumente le Dr Burel. « Quasiment tous les patients en ALD bénéficieraient d’activités physiques », souligne-t-il. Cela permettrait aussi à l’Assurance maladie de mesurer l’effet du sport sur ordonnance. « On pourrait par exemple voir si ces patients diminuent leur traitement hypertenseur », fait valoir Bruno Burel.
Le syndicat demande également la création d’une consultation — et d'une cotation — spécifiques. Selon le Dr Burel, cet acte devrait être rémunéré une cinquantaine d’euros. « Ces consultations ne peuvent pas durer moins de 45 minutes », justifie le secrétaire général du SNMS. Surtout, celles-ci génèrent selon lui des économies car l’activité physique est « une thérapeutique qui n’a pas de coût (pour l'Assurance maladie, ndlr) ».
« Le problème est que la Sécu est encore au Moyen-Âge, assène Bruno Burel. Elle ne pense qu’au médicament alors que l’activité physique est une des thérapeutiques les plus efficaces dans les affections chroniques. »
Le sport, un concept à intégrer dès la formation
Enfin, le SNMS-Santé déplore que la prescription d'activité physique soit absente de la formation initiale mais aussi continue. « Quand, mes collègues médecins du sport et moi nous adressons aux départements de médecine générale de la plupart des universités, on nous répond : "Il y a déjà tellement de choses qu’on n’arrive pas à faire qu’on ne va pas faire cela en plus" », regrette Bruno Burel.
Le décollage de la prescription de sport s'apparente à une course d'obstacles.
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