Une fois n’est pas coutume, l’association NèreS (ex-Afipa) développe dans son baromètre 2023 des produits de santé et de prévention de premier recours un argumentaire complet en faveur d’une place accrue à accorder au pharmacien d’officine dans le parcours de soins. Un plaidoyer pro domo puisque NèreS représente 25 laboratoires pharmaceutiques qui produisent et vendent des produits de santé sans ordonnance (automédication, compléments alimentaires, dispositifs médicaux grand public).
Dans son baromètre dévoilé ce 1er février, l’association propose même de faire des pharmacies d’officine le « point d’entrée des patients dans le parcours de soins pour libérer du temps médical aux médecins et aux hôpitaux ». Pour soutenir cette idée, les industriels de l’automédication rappellent la grande disponibilité des officines, ouvertes en moyenne 55 heures par semaine. Après la crise, insistent-ils, les Français ont besoin de « refaire corps à une échelle plus humaine », de revenir à une forme de « proximité symbolisée par l’officine et incarnée par le pharmacien », professionnel présent jusque dans les zones les plus reculées grâce à un maillage très dense (on compte près de 20 000 officines en France). « Les volumes horaires, la disponibilité et la couverture territoriale des officines offrent une plus grande accessibilité à la population », avancent les industriels, qui ne précisent pas avec quels autres professionnels est faite la comparaison – les médecins en l’occurrence.
Accélérer le délistage des médicaments
Deuxième argument avancé : le pharmacien, professionnel de santé, « disponible », « de confiance » et « apprécié de la population » n’est jamais avare de conseils personnalisés aux patients qui franchissent le seuil de son officine. Dès lors, pourquoi ne pas accentuer son rôle dans la prise en charge des patients en première ligne ? NèreS suggère la création d’un « conseil national du premier recours en santé », soit une instance pluridisciplinaire chargée d’émettre des propositions « sur la prise en charge des maux du quotidien et des pathologies bénignes ».
Autre préconisation qui va dans le même sens : accélérer le délistage, c’est-à-dire le nombre de médicaments accessibles sans ordonnance. La France en compte 95 contre 210 à l’échelle de l’Europe, rappellent les industriels. Et d’enfoncer le clou : recentrer la prise en charge de ces « maux du quotidien » sur la pharmacie serait un bon moyen de « libérer du temps médical pour les médecins et les hôpitaux ».
Un parcours de soins… sans le médecin ?
Pour ce faire, les laboratoires proposent d’intégrer à titre expérimental les pharmacies dans un « parcours de soins et de prévention du quotidien ». Objectif : s’appuyer « sur le pharmacien, qui peut dispenser des produits de premier recours accompagnés de conseils sur de nombreuses aires (allergies, sevrage tabagique, grossesse, carence alimentaire) », peut-on lire. Ces parcours seront « coconstruits entre les autorités, les pharmaciens et les laboratoires pharmaceutiques ». Le médecin aura-t-il voix au chapitre ?
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