Revigorés par l'arrivée prochaine à la Maison Blanche de Donald Trump, les opposants américains à l'avortement se mobilisent. Dans plusieurs Etats du pays, cette semaine qui s'achève en a donné quelques illustrations.
Ainsi, dans l'Ohio, le gouverneur républicain John Kasich, qui fut candidat à la primaire républicaine pour la présidentielle, a apposé mardi sa signature sur une loi interdisant l'avortement dès la vingtième semaine de grossesse. Ce texte ne prévoit pas d'exception possible, même en cas de viol ou inceste. John Kasich a toutefois opposé son veto à un autre volet de la loi "heartbeat bill", qui entendait bannir l'avortement dès que le battement du coeur du foetus était détectable.
Dans le Tennessee, une femme qui avait tenté de se faire avorter à 24 semaines en utilisant le crochet métallique d'un cintre a récemment été visée par des nouvelles charges criminelles renforcées. Selon les défenseurs de l'avortement, cette affaire est symptomatique de la peur accrue des femmes et un retour en arrière évoquant le temps de la clandestinité.
Toutes les initiatives anti-IVG ne sont pas, pour l'heure, couronnées de succès. Dans l'Oklahoma, la cour suprême locale a rejeté mardi une nouvelle loi qui imposait aux médecins pratiquant des IVG de disposer d'un droit d'admission de leurs patientes dans un hôpital local situé à maximum 30 miles (48 km) de leur cabinet. Mi-décembre au Texas, un autre juge a lui suspendu une loi qui obligeait les centres d'IVG à incinérer ou mettre en terre les résidus foetaux post-avortement.
Dans ce contexte, l'organisation anti-avortement Americans United for Life (AUL) vient de rendre public un imposant rapport de plus de 200 pages, dénonçant les "conditions atroces" régnant selon elle dans 227 centres d'IVG de 32 Etats. L'objectif affiché de ce rapport est "d'offrir un outil aux législateurs dans la perspective des sessions parlementaires de 2017 dans les Etats", a expliqué Denise Burke, une responsable d'AUL.
Les républicains conservateurs et les chrétiens évangéliques opposés à l'avortement caressent en effet beaucoup d'espoirs sur l'année qui va s'ouvrir. D'autant que Donald Trump s'est choisi un vice-président, un ministre de la Justice, et un ministre de la Santé, qui sont "Pro life". On s'attend donc à ce que le futur ministre de la Santé, Tom Price, mène une guérilla contre le planning familial et le remboursement de la contraception par les plans de couverture santé.
Le président élu s'est par ailleurs engagé à nommer à la Cour suprême des juges farouchement opposés à l'avortement, en précisant que ce nouveau rapport de force à la haute juridiction pourrait à terme déboucher "automatiquement" sur l'annulation de "Roe V. Wade", l'arrêt emblématique qui a légalisé l'avortement en 1973 aux Etats-Unis.
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