Il n’aurait jamais pensé passer par cette voie, mais la situation est critique. Le 13 décembre, le dernier médecin de la commune de la Ferrière-aux-Etangs (61) quittera le cabinet dans lequel il officie aujourd’hui à raison de trois jours par semaine, laissant les 1 550 habitants désemparés, sans accès à un généraliste. Vincent Beaumont, le maire de la petite commune a donc décidé de poster une annonce sur Leboncoin.fr. « Recherchons d'urgence médecin généraliste. Possibilité installation dans cabinet médical existant », est-il écrit. L’édile n’oublie pas de lister les arguments qui pourraient convaincre les candidats.
Le village dispose d’une pharmacie, de plusieurs commerces, d’une crèche, d’une école primaire, d’un collège et un même d’un Ehpad. Toutes les conditions pour attirer un jeune praticien et sa famille. « C’est à la fois une bouteille à la mer et une opération à même de créer le buzz. On se donne tous les moyens pour trouver la perle rare. Leboncoin nous offre une vitrine nationale et gratuite », reconnaît Vincent Beaumont. Qui ne va pas s’arrêter là. Deux grandes banderoles « Recherche médecin généraliste » vont prochainement être déployées aux abords de La Ferrière-aux-Étangs et le maire entend lancer une série d’appels à candidature sur la radio locale.
On se donne tous les moyens pour trouver la perle rare. Leboncoin nous permet une vitrine nationale et gratuite
Vincent Beaumont, maire de La Ferrière-aux-Étangs
Recours à un cabinet de recrutement
Comment la petite commune s’est-elle retrouvée dans cette situation ? « Quand je suis arrivé sur ce territoire en 1993 comme directeur d’Ehpad, nous avions un dentiste à temps partiel et deux généralistes dont un à temps plein », médecin à l’ancienne qui ne ménageait pas ses heures, mais qui a fait valoir des droits à la retraite bien mérités au printemps 2020, se souvient l’élu. En recourant aux services d’un cabinet de recrutement, La Ferrière-aux-Étangs pense avoir trouvé une solution avec la venue d’un généraliste espagnol. Mais ce dernier décidera après quelques années de s’installer dans le centre médical voisin distant d’une vingtaine de kilomètres, classé en zone de revitalisation rurale (ZRR). Plus intéressant sur le plan financier, pour le praticien, car ouvrant droit à des exonérations fiscales et sociales. Le généraliste espagnol acceptera cependant d’assurer des consultations à raison de 3 demi-journées hebdomadaires à La Ferrière-aux-Étangs.
70 000 euros cumulés d’aides à l’installation
L’argument financier n’a pas été oublié par le maire de la commune qui, elle, n’est pas classée dans le zonage France ruralités revitalisation – qui a remplacé les ZZR. Son annonce postée sur Leboncoin rappelle ainsi que le postulant aura la possibilité de s’installer dans le cabinet médical existant et qu’il bénéficiera d’une participation complémentaire de la collectivité au coût du loyer du cabinet. Enfin, l’annonce insiste sur l’existence d’aides à l’installation qui, cumulées, pourront monter jusqu'à 70 000 euros sur cinq ans contre l’engagement de s’installer a minima sur cette durée. Cela sera-t-il suffisant pour que les habitants de la petite ville, dont certains souffrent de pathologies lourdes ou chroniques, puissent retrouver un médecin traitant d’ici décembre ? Vincent Beaumont croise les doigts, parce que la situation presse pour les Ferrièroises et les Ferrièrois. Aujourd’hui, « quand on contacte les maisons médicales existant dans un rayon de 20-40 kilomètres, elles nous répondent qu'elles ne prennent pas de nouveaux patients », déplore l’édile.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre
Mélanie Heard (Terra Nova) : « Une adhésion massive des femmes à Kamala Harris pour le droit à l’avortement »