Quels sont les effets de l’environnement sur la santé humaine ? La qualité de l’air que nous respirons, de la nourriture que nous consommons ou encore de notre habitat, l’exposition à de nombreux facteurs environnementaux a des conséquences parfois néfastes sur notre santé. Ils peuvent être associés à l’apparition de maladies ou d’affections de toutes sortes comme l’asthme, les allergies, les cancers, le surpoids, l’obésité… L’ensemble de ces problématiques environnementales implique, pour les médecins, non seulement de traiter la maladie mais aussi de prendre en compte les conditions de vie du patient.
Il s’agit « d’un champ d’application de la médecine qui en est à ses débuts », estime Marine Sarfati, rhumatologue à Lyon et coordinatrice d’un module de formation sur le sujet. Il tend néanmoins à se structurer et à prendre une place de plus en plus importante dans la pratique médicale comme en témoigne le nombre croissant d’enseignements destinés aux médecins alors qu’elle occupait une place encore mineure dans la formation médicale.
Nouvelle offre de formations
Le récent Plan national santé environnement, lancé en 2021, met en avant la nécessité de former notamment les citoyens, les élus mais aussi les professionnels de santé à ces enjeux. Une nécessité déjà soulevée par les plans précédents mais l’offre dans les facultés de médecine était insuffisante pour y répondre. Aujourd’hui ce champ d’application de la médecine semble mieux pris en compte par les universités puisque plusieurs facultés ont mis en place des diplômes universitaires autour de ces questions dans le cadre de la formation continue comme à Bordeaux, Montpellier ou encore Paris. « L’objectif de ces formations est de donner aux médecins des connaissances sur différents aspects : l’impact de l’environnement sur la santé mais aussi les moyens d’action à leur disposition pour prendre en charge ces maladies », détaille Marion Albouy, médecin de santé publique et en santé environnementale à Poitiers.
L’offre de formation commence aussi à s’intégrer à la formation initiale dans les facultés qui n’en faisaient pas jusqu’alors. Créé avec la Conférence des facultés de médecine de France, un module en santé environnementale obligatoire est destiné aux étudiants en médecine de deuxième cycle depuis la rentrée 2023. Il offre un enseignement court et pluridisciplinaire faisant appel à des intervenants de tous bords comme des médecins, des biologistes, des urbanistes, des écologues, des ingénieurs, des hydrologues… Il s’agit d’un module introductif qui permet d’aborder les concepts de la santé environnementale divisé en capsules vidéo de 15 à 20 minutes. Une première approche qui peut toucher d’autres publics. « Nous allons l’étendre à la formation continue des médecins déjà en exercice qui ne maîtrisent pas encore ces concepts. On aimerait que des étudiants d’autres filières s’en emparent aussi comme en pharmacie ou en maïeutique par exemple », déclare Marine Sarfati, la coordinatrice de ce projet.
Une nouvelle démarche de santé
La multiplication de ces formations participe à préparer les futurs médecins et l’ensemble des professionnels de santé à l’importance de ces enjeux qui implique aussi des changements à apporter dans la pratique médicale. « Le médecin doit, en plus d’être un guérisseur, devenir un expert de la santé et être conscient des facteurs environnementaux ayant des conséquences sur la santé et surtout des moyens d’action », estime Marion Albouy. La diversité de ces déterminants fait que cette démarche de santé environnementale intéresse toutes les spécialités médicales. Elle tente en effet de prendre en compte les différents aspects de la santé humaine déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle se veut ainsi une réponse aux affections et maladies provoquées par l’ensemble de ces déterminants.
Il s’agit également de promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale de la santé à travers les concepts One health
Cette démarche marque « un retour à la médecine d’Hippocrate car elle permet de réhumaniser les soins et de prendre le temps nécessaire avec les patients », considère Marion Albouy. Elle constitue un changement de paradigme dans la prise en charge des patients car, au-delà du seul aspect thérapeutique, il s’agit de développer une approche préventive et individualisée. Il s’agit également de promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale de la santé à travers les concepts One health notamment dans les études de médecine. « C’est un champ d’exercice extrêmement riche et très ouvert » dont des médecins s’emparent en fonction de leurs motivations et centres d’intérêt. « Au CHU de Bordeaux, par exemple, des consultations sont ouvertes aux couples ayant eu des issues de grossesse défavorables pour identifier les facteurs environnementaux qui pourraient en être à l’origine », conclut Marion Albouy.
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