Faut-il y voir l'expression d'un esprit de conquête ? Le rendez-vous annuel des praticiens exerçant en centres de santé a lieu jeudi et vendredi (5 et 6 octobre) à Paris autour du thème « Aller vers… les centres de santé ». Deux jours durant, les participants à ce congrès pourront assister à des tables rondes en faveur du développement d’un véritable « service public de santé proximité », notamment à travers les thèmes « Regards croisés sur les modèles économiques pour les centres de santé » et « Une sécurité sociale à 100 %, c’est possible ! ».
La directrice déléguée de la Cnam, Marguerite Cazeneuve, la directrice générale de l’offre de soins (DGOS), Marie Daudé ou de nombreux médecins exerçant dans ces structures (centres médicaux, polyvalents) devraient débattre de l'avenir de ces structures qui pratiquent le salariat, le tiers payant et les tarifs opposables. La seconde journée disséquera notamment les meilleures façons de mettre en œuvre la « gouvernance collaborative » dans ces centres et analysera comment ces structures peuvent s’emparer des visites à domicile. La ministre déléguée aux Profesions de santé Agnès Firmin Le Bodo est attendue vendredi matin pour une intervention politique.
Modèle d'avenir
« C’est un programme riche. Les centres de santé se développent et il nous faut œuvrer pour y attirer les jeunes médecins et mailler davantage le territoire », s’enthousiasme l’une des chevilles ouvrières de ce congrès, le Dr Frédéric Villebrun, président de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS).
Pour mémoire, l’Observatoire des centres de santé recensait 3 144 structures en 2022. Les chiffres révèlent une augmentation significative des centres médicaux et polyvalents. De 957 en 2021, leur nombre a bondi à 1 119 en 2022, soit 162 structures ouvertes en une année. « Les centres de santé sont un modèle d’avenir depuis déjà plusieurs années, mais là on en voit un nouveau besoin prégnant compte tenu de la difficulté généralisée de l’accès aux soins. La désertification médicale fait qu’on ne pourra pas avoir de système de santé pérenne et stable sans centres de santé », avance le Dr Villebrun.
Complémentarité avec le libéral
Le généraliste estime qu’il faudrait, a minima, au moins un centre de santé par bassin de vie de 50 000 habitants qui travaillerait, dès que possible, en lien avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), autre maillon fort des soins primaires. « Nous ne voulons pas supprimer le libéral comme certains voudraient le faire penser, mais créer une réelle complémentarité entre les centres de santé publics, privés et la médecine de ville », insiste le président de l’USMCS.
Pour relever le défi, il faudrait dépasser le seuil des 8 000 médecins salariés qui exercent dans au sein de ces structures – à parité des médecins généralistes et des spécialistes. « Ces derniers y exercent majoritairement à temps partiel alors que les généralistes y sont souvent à temps plein », précise Frédéric Villebrun.
Approche populationnelle et ancrage territorial
Les centres de santé et leurs équipes expliquent avoir été en première ligne face à la crise sanitaire. Leur expertise, l'approche populationnelle et de santé publique, leur ancrage territorial sont autant atouts à faire valoir. Encore faut-il faire évoluer le modèle économique et financier, encore fragile. « Toutes les études montrent, pour la médecine générale et les soins infirmiers, dans les centres polyvalents, que même s'il y a encore de place pour le paiement à l'acte, le paiement forfaitaire est le plus adapté à la prise en charge des patients sur le long terme », ajoute le Dr Villebrun.
Les rémunérations versées aux praticiens salariés sont-elles à la hauteur ? Les estimations résultent de ce que font remonter les collectivités territoriales et associations de façon souvent éparse. Le montant net mensuel moyen d’un généraliste pour un équivalent temp plein se situe entre 5 500 et 6 000 euros, « mais cela ne signifie pas que salaire est le même dans tous les centres, souligne le patron de l’USMCS, il peut varier selon le statut de ce dernier, selon qu’il est associatif, public ou privé ».
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