Séance spéciale de câlinothérapie dédiée aux médecins libéraux à deux semaines de la reprise des négociations conventionnelles (a priori le 14 mars) ou réelle volonté d’affirmer le soutien du gouvernement à la médecine de ville ? Cette semaine, les représentants syndicaux de médecine libérale sont reçus à tour de rôle dans les salons ministériels. Jeudi 22 février, c’était la délégation du Syndicat des médecins libéraux (SML), emmenée par sa présidente, la Dr Sophie Bauer qui rencontrait la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin. « Madame Vautrin a visiblement une connaissance du monde libéral et la discussion a été franche et constructive », se réjouit la chef de file du SML. Qui n’a pas manqué de faire la démonstration que « le C à 50 euros, c’était faisable, viable et souhaitable ». Le SML voit dans ce grand ministère, que certains jugent pourtant tentaculaire, « l’opportunité d’un changement de paradigme avec la possibilité de voir dans la médecine libérale un potentiel d’emploi et de développement économique de territoires ». Première rencontre réussie, donc, pour le SML.
Rendez-vous ministériels tous azimuts
À la Fédération des médecins de France (FMF), qui avait ouvert le bal de ces rencontres rue de Grenelle deux jours plus tôt, le son de cloche est également positif. « Nous avons été agréablement surpris », témoigne la chef de file du syndicat, la Dr Patricia Lefébure. La ministre connaît bien les dossiers santé « alors qu’on pensait qu’elle serait plutôt novice en la matière ». Le résultat de cette heure d’échanges ? « La ministre ne semble pas avoir de préjugés et n’apparaissait pas hostile à notre proposition d’ouverture du secteur 2 pour tous. Peut-être sur une fenêtre assez courte », se plaît à espérer la Dr Lefébure.
Mais pour la syndicaliste, une chose est certaine. Catherine Vautrin entend suivre les questions de santé et d’accès aux soins de près. « Nous nous attendions pourtant à ce qu’elle délègue ces sujets à Frédéric Valletoux », reconnaît Patricia Lefébure. Manifestement, l’omniprésent ministre délégué à la Santé devra rendre des comptes à son ministère de tutelle.
MG France, pas ému plus que cela
Reste que ce jeudi, c’était bien lui qui recevait le syndicat MG France avenue de Ségur. Une rencontre qui n’a pas ému plus que cela sa présidente, la Dr Agnès Giannotti. « Ça s’est passé normalement, comme avec les autres ministres. L’atmosphère était détendue, il n’y avait pas d’agressivité de part et d’autre », lâche la généraliste parisienne. Par ailleurs surprise que le nouveau ministre « découvre de quoi est fait le quotidien des médecins généralistes. Mais le dialogue est possible », affirme la patronne de MG France. Preuve en est, selon cette dernière, que le ministre délégué à la Santé a réaffirmé vouloir donner toutes ses chances aux négociations conventionnelles et qu’il n’interférait pas. « C’est une bonne chose. Mais les arbitrages financiers, ce n’est pas Ségur, ni même tout à fait Grenelle mais bel et bien Bercy », tempère, lucide, la Dr Giannotti.
Après Ségur, les libéraux à Matignon
Côtés spécialistes, la Fédération nationale des médecins radiologues a, elle, monté un cran hiérarchique supplémentaire en étant reçu, le même jour, directement à Matignon pour un échange de plus d’une heure. « J’ai fait part de mon inquiétude quant à la nomination de Frédéric Valletoux et du message que cela faisait passer aux libéraux. Il faut absolument sortir de l’hospitalocentrisme », martèle le président de la FNMR, le Dr Jean-Philippe Masson. Un rendez-vous ministériel qui a aussi été l’occasion pour lui, de revenir avec la conseillère santé de Gabriel Attal sur les négociations conventionnelles. « Quand le DG de la Cnam dit à ses partenaires, “ c’est à prendre ou à laisser. Vous prenez tout ou rien ”, je n’appelle pas ça une négociation. Les deux tiers de l’enveloppe conventionnelle pour les généralistes et un tiers pour les spécialistes, c’est totalement inadmissible. »
Voici l’Assurance-maladie prévenue alors que la reprise des négociations en multilatérales, après la dernière rencontre du 8 février qui n’a guère convaincu les syndicats malgré la proposition d’un G à 30 euros, est prévue, selon la CSMF, pour se tenir le 14 mars dans la matinée. Anecdote savoureuse, Frédéric Valletoux aurait demandé à rencontrer les cadres de la Conf’ le même jour, dans l’après-midi. Pour prendre la température ou déjà mettre de l’huile dans les rouages ?
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