Contre une FMC « déconnectée du terrain », le patron du Haut Conseil du DPC démissionne

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Publié le 27/11/2020

Crédit photo : Capture d'écran

Les antagonismes entre l’Agence nationale du DPC (développement professionnel continu) et les médecins libéraux ne sont pas forcément nouveaux. La démission il y a trois jours du Dr Jean-François Thébaut, qui présidait le Haut Conseil du DPC, risque de ne pas arranger les choses.

« Cette démission n’est pas un coup de gueule ni un coup de maître, mais un constat d’échec de ne pas avoir réussi à avoir fait porter les idées sur ma conception de ce que doit être le DPC », confie le cardiologue, joint par Le Généraliste.

Hautement symbolique, la démission du patron de cette instance de représentation, de conseil et d’orientation du dispositif, en place depuis juillet 2016, illustre la crise que traverse depuis plusieurs mois le milieu de la formation continue.

À la suite de ce départ, le syndicat MG France a d'ailleurs déploré, jeudi dans un communiqué, la mauvaise gestion du DPC et pointé la responsabilité de l’ANDPC : « l'agence qui devait être au service de la profession et de ses besoins de formation (…) est devenue une instance où les décisions sont prises unilatéralement par ses gestionnaires ». « L’organisme gestionnaire a pour but de s’assurer que les formations puissent avoir lieu et de les financer et de contrôler la qualité, mais pas de définir la politique de DPC », enchérit le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat.

Un DPC déconnecté des besoins des médecins

Le Dr Thébaut, constate que depuis la mise en application du programme de Ma Santé 2022 l’offre de DPC, échoue selon lui à répondre aux besoins de formation des médecins. « Sur la coopération interprofessionnelle, sur la territorialité, sur les CPTS…, c’était l’occasion d’inciter les organisations territoriales à s’emparer elles-mêmes du sujet, à utiliser le DPC comme un moyen d’amélioration de leurs pratiques », estime-t-il. Mais en passant par un système national d’appel d’offres, on manque cette opportunité, poursuit le cardiologue. « Finalement cela va être fait par des grands organismes nationaux, qui ne connaissent pas grand-chose au terrain et aux préoccupations des équipes de soins primaires. Alors que la formation devrait se faire par les pairs entre pairs et sur le terrain », ajoute-t-il.

Les syndicats veulent une refonte

Pour le Dr Thébaut, le point de non-retour a été atteint avec la décision de l’ANDPC de ne proposer aucune offre de formation sur le Covid-19. En mars dernier, l’ANDPC avait fait savoir que les formations qui se créaient sur le coronavirus ne seraient pas prises en charge dans le cadre du DPC. L’Agence affirmait qu’elle n’avait « pas forcément vocation » à « organiser et financer des formations sur des épisodes épidémiques ». À l’époque cette décision avait notamment provoqué la colère du Centre national des professions libérales de santé (CNPS) qui jugeait « incompréhensible » la position de l’ANDPC, prise « sans concertation avec les syndicats des libéraux de santé », et lui demandait de « corriger cette erreur ». Huit mois plus tard, même si la crise sanitaire dépasse aujourd’hui l’épisode épidémique, l’agence n’a semble-t-il pas infléchi sa position.

Pour les médecins libéraux, la démission du Dr Thébaut est un signe de plus qu’un changement doit avoir lieu. « Sa démission doit donner le signal d’une réforme profonde de l’organisation de ce dispositif », estime le Dr Battistoni. Dans son communiqué, MG France réclame donc une remise à plat du dossier formation continue des médecins et que le « pilotage de la formation continue des médecins redevienne paritaire en associant le ministère de la santé, l'Assurance Maladie et les syndicats professionnels ».


Source : lequotidiendumedecin.fr