Alors qu'un appel à une grève nationale le 13 octobre est désormais lancé par l'ensemble des syndicats médicaux représentatifs (CSMF, MG France, SML, FMF, UFML-S et Avenir-Spé Le Bloc), des conseils départementaux de l'Ordre des médecins n'hésitent pas de leur côté à manifester leur mécontentement et soutenir les médecins généralistes en conflit.
C'est d'abord le cas du président d'Ordre des médecins de la Charente-Maritime, le Dr Philippe Henry, qui s'est fendu le 18 septembre d'un courrier au directeur de la caisse primaire du département. Dans cette lettre que Le Quotidien a consultée, le généraliste défend ses confrères, membres du collectif 17, qui ont décidé de majorer 5 euros la consultation.
Généralistes bafoués
Pour l'élu ordinal, les raisons qui ont poussé les frondeurs ne sont pas dues « à l'appât du gain ». Au contraire, il s'agit d'un combat pour la dignité et la reconnaissance de la profession. Après le blocage du C depuis sept ans et alors que le coût de la vie s'est envolé, l'échec des négociations conventionnelles aboutissant au règlement arbitral et à une hausse de 1,50 euros — « une aumône dédaigneuse » — les généralistes se sont sentis « pour certains », « bafoués », « déconsidérés » et presque « dédaignés ».
Or, « ce qu'ils veulent » à travers cette contestation tarifaire, c'est « pouvoir apporter des soins de qualité aux patients », « éviter la destruction en cours de l'ensemble du système de soin et l'ubérisation rampante de la médecine ». Pour cela, la convention doit redevenir « crédible et respectable ». « Ce seul rattrapage de cinq euros ne peut être qu'une brève étape », peut-on lire dans le courrier. Contacté par Le Quotidien, le Dr Henry assume pleinement « ce choix de transgression », par rapport à sa position d'élu ordinal et à la réserve habituelle sur ces sujets syndicaux. « À un moment donné, on a le devoir de faire bouger les lignes, lance-t-il. L'Assurance-maladie doit comprendre que les médecins doivent pouvoir travailler dans la sérénité. »
Mépris institutionnel
L'Ordre de la Charente-Maritime n'est pas le seul à sortir de sa réserve. Dans le Bas-Rhin (67), le conseil départemental ordinal s'est lui aussi engagé dans un bras de fer avec l'Assurance-maladie, cette fois à la suite de la campagne nationale sur les arrêts de travail.
Dénonçant le « mépris institutionnel » de la Cnam dans un message adressé aux praticiens locaux, l'instance estime que cette démarche contrevient à plusieurs articles du code de déontologie (pas d'aliénation de l'indépendance professionnelle, prescription d'un arrêt de travail lorsqu'il est justifié ou encore le fait de ne pas tenir compte d'un volume d'arrêts de travail à ne pas dépasser). L'Ordre conseille aux généralistes ciblés de ne pas accepter la mise sous objectifs (MSO) et de réclamer la mise sous accord préalable (MSAP) par le médecin-conseil. Dans cette option, également conseillée par plusieurs syndicats médicaux, c'est au médecin-conseil de prendre la décision de mettre le patient ou non en arrêt.
Soutien à la protestation tarifaire, refus de la mise sous objectifs... Le Dr Henry résume : « Cela me conforte dans l'idée que les conseils ordinaux départementaux peuvent prendre leur part à ces combats dans l'intérêt des patients ».
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