Carrière

La médecine des voyages, une pratique « riche et dynamique »

Publié le 03/11/2023
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Discipline médicale récente, la médecine des voyages s’est développée en même temps que l’intensification des voyages internationaux. Il s’agit lors de consultations spécialisées de conseiller les voyageurs sur les vaccinations et les précautions à prendre lors de leurs déplacements à l’étranger.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Après la crise du Covid et le confinement de l’ensemble de la population mondiale, les déplacements longue distance ont retrouvé leur niveau d’avant 2019. De plus en plus de voyageurs vont ainsi découvrir des régions qui leur sont étrangères et s’exposer à des environnements différents et des maladies inexistantes dans leur région. D’où la nécessité, au moment de préparer un départ, de prendre l’avis d’un médecin spécialisé dans la médecine des voyages. Une discipline récente dont l’essor a accompagné l’augmentation des déplacements internationaux notamment dans les zones tropicales. « Ce sont des médecins qui aiment la prévention », précise le Dr Christophe Rapp, président de la Société de médecine des voyages (SMV) qui exercent soit dans les services de consultation de maladies infectieuses et tropicales des hôpitaux, soit dans un des 130 centres de vaccinations internationaux répartis dans les régions métropolitaines et d’outre-mer.

Médecine de pédagogie

De fait, ces praticiens accompagnent les voyageurs dans la prévention et la gestion des problèmes de santé qu’ils peuvent rencontrer avant, pendant ou après leur déplacement. Face à la diversité des déplacements, qu’ils soient professionnels, touristiques ou migratoires, ces médecins doivent adapter leur pratique aux particularités de chacun et hiérarchiser les conseils en faisant preuve de pédagogie. Ils jouent plusieurs rôles pour ces patients qui les consultent. De sensibilisation et d’information dans un premier temps puisqu’ils doivent évoquer les risques, notamment d’ordre sanitaire, encourus par les voyageurs dans le pays de destination. Il est aussi prescripteur des mesures de prévention (moustiquaires, répulsifs cutanés, précautions alimentaires), vaccinations et traitement spécifiques notamment contre le paludisme. Il est aussi le médecin qui doit préparer ses patients à tous les désagréments rencontrés lorsque l’on voyage comme le mal des transports ou le décalage horaire pour les plus notables.

Pendant le voyage, les conseils du médecin porteront sur la gestion des symptômes comme la fièvre ou les troubles digestifs. Il va aussi fournir une assistance médicale notamment avec les compagnies d’assurance pour flécher les centres de santé de qualité ou encore organiser le rapatriement. L’éducation médicale ne se termine pas une fois le voyageur rentré chez lui. « Une fièvre qui intervient après un voyage dans une zone tropicale est potentiellement un paludisme, donc une urgence médicale à gérer et qui implique une consultation rapide », explique Christophe Rapp.

Suivi épidémiologique

Même si le médecin traitant reste le premier interlocuteur des voyageurs, la médecine des voyages apporte une expertise complémentaire. Ses connaissances sur les vaccins ou les maladies infectieuses, tropicales et rares permettent au « médecin des voyages d’épauler les praticiens de première ligne moins familiers avec la circulation des agents pathogènes dans le monde », atteste Christophe Rapp. Pour ce faire, les médecins des voyages participent à la rédaction et à la mise à jour annuelle des recommandations faites aux voyageurs sur lesquelles peuvent se fonder les professionnels de santé. Elles comprennent une actualisation des connaissances sur les maladies et les vaccins, des recommandations sur le paludisme, l’hygiène ou encore des éléments de prévention contre le coup de chaleur ou le mal aigu des montagnes par exemple.

Cette mise à jour implique un suivi continu des évolutions sanitaires pour rester au fait des risques sanitaires à l’étranger en constante évolution. « Même si le socle des recommandations change peu souvent, la survenue d’épidémies nouvelles et la mise à disposition de nouveaux vaccins imposent l’actualisation des recommandations internationales et françaises », précise Christophe Rapp. Il s’agit surtout de guetter la survenue de nouvelles épidémies ou encore d’évaluer les nouvelles recommandations aux niveaux européen et international par exemple en ce qui concerne la disponibilité de nouveaux vaccins sur le marché.

Dans ce contexte d’intensification des déplacements internationaux, la situation de la médecine de voyages dans le service public connaît pourtant un net ralentissement. Si bien qu’aujourd’hui, « le secteur privé effectue l’essentiel des consultations », selon le président de la SMV qui pointe un manque de moyens mis à la disposition des services notamment en ce qui concerne la prévention. Cette discipline reste malgré tout « riche et dynamique » et se retrouve en pleine évolution avec par exemple l’arrivée d’outils numériques pour appuyer l’activité de conseil aux voyageurs qui demeure « toujours d’actualité et important », selon le président de la SMV.

Antoine Vergely

Source : Le Quotidien du médecin