La sinistralité a-t-elle un impact sur les vocations médicales ? À entendre les jeunes générations, la réponse est non. En cause : une ignorance totale ou presque de ce qu'est la responsabilité civile professionnelle (RCP) et les enjeux du risque médico-légal.
Pourtant, la RCP sera une constante tout au long de l'exercice des aspirants médecins. « Le risque médico-légal est très hétérogène selon les spécialités », a précisé Nicolas Gombault, directeur général délégué du groupe MACSF, lors d'une récente journée des « débats de l’Ordre » consacrée à ce sujet. Parmi les chirurgiens libéraux les plus mis en cause, les neurochirurgiens, les orthopédistes et les chirurgiens viscéraux arrivent en tête. Particulièrement exposés, chacun de ces trois spécialistes aura 100 % de risque d’être mis en cause au moins une fois au cours de sa carrière. En regard, ce taux de sinistralité annuelle n’est que 1 % pour les généralistes et les psychiatres.
Des préjudices lourds en médecine générale
Cette donnée, qui n'est pas neutre, a interpellé les syndicats juniors. « Rassuré d’apprendre que les généralistes ont une sinistralité si faible » – ce qui n'empêche pas des préjudices extrêmement lourds chaque année en médecine générale –, le Dr Raphaël Dachicourt, président de ReAGJIR, a reconnu que les étudiants en médecine devraient être mieux sensibilisés aux questions de RCP. « Nous ne commençons à nous en préoccuper qu’à partir du moment où nous sommes de plus en plus en situation d’autonomie au cours de nos différents stages »,a-t-il résumé. En substance, Jérémy Darenne, chef de file des carabins de l’Anemf, est sur la même ligne. « Les critères de choix de spécialité reposent davantage sur le temps consacré aux patients, la possibilité de concilier vie personnelle et vie professionnelle, la participation à la permanence des soins et la rémunération », a-t-il détaillé.
Conscient de cet état de fait, l’Ordre régional de Nouvelle-Aquitaine et l’université de médecine de Bordeaux proposent depuis fin novembre un local d'informations sur les démarches administratives typiques de la RCP, « ce qui fait souvent un peu peur aux jeunes », admet le Dr Philippe Domblides, président du Crom. Une première pierre pour faire comprendre aux étudiants l'intérêt de mieux appréhender les questions de risque médico-légal. Comme le souligne Nicolas Gombault, en cas d’accident médical, le médecin commence à avoir un profil. Dont pourrait dépendre in fine le montant de sa prime assurantielle.
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