La formation des maîtres de stages des universités (MSU) est censée être une priorité politique dans un contexte où le développement des stages en ambulatoire est présenté comme essentiel pour l’accès aux soins et avec l’arrivée prochaine d’une quatrième année à l’internat de médecine générale. Mais d’après une partie de la profession, l’Agence nationale de développement professionnel continu (ANDPC) ne semble pas avoir reçu le message.
Dans un communiqué commun, le syndicat national des enseignants en médecine générale (Snemg), celui des remplaçants et jeunes médecins (ReAGJIR), ainsi que les deux syndicats d’internes (Isni et Isnar-IMG) et celui des étudiants en médecine (Anemf), reproche à l’ANDPC de bloquer les formations des MSU.
« En ce début d’année, l’ANDPC impose son diktat en piétinant la formation à la maîtrise de stage en dépit de la priorité récemment affichée par le ministre de la Santé et de la Prévention », écrivent-ils.
« L’année dernière, un arrêté réglementaire avait permis pour 2022 de contrer la même action nocive de l’ANDPC », poursuivent-ils.
Rejet du contenu pédagogique
Alors que reprochent exactement les enseignants de médecine générale à l’ANDPC ? Le Dr Philippe Serayet, président du Snemg explique que depuis le début de l’année « plus de 75 % » des dossiers pédagogiques des formations à la maîtrise de stage sont retoqués.
« Il n’y a pas de validation du contenu pédagogique ce qui ne nous permet pas d’ouvrir ces formations », explique-t-il. « Des formations nous en faisons depuis des années, on sait faire », ajoute-t-il.
Selon lui, le contenu pédagogique ne serait en fait qu’un prétexte pour refuser ces formations. « Nous sommes dans une logique comptable, un truc de technocrates de retarder des formations pour ne pas consommer son enveloppe », s’emporte le Dr Serayet.
Contacté par Le Généraliste, l’ANDPC dément fermement cette interprétation par la voix de sa directrice générale Michèle Lenoir-Salfati.
« Ils ont tout intérêt à mettre ça sur le dos de l’ANDPC, mais c’est une commission qui réunit des membres de la CSI médecins (commission scientifique indépendante) et des doyens d’université qui a examiné ces formations ».
Pour les formations initiales des MSU, « effectivement les actions déposées par le CNGE (collège national des généralistes enseignants) ont été évaluées défavorablement. La commission a estimé qu’elles n’étaient pas au niveau avec la moitié des objectifs pédagogiques non couverts. Mais ce n’est pas une fin de non-recevoir définitive », précise-t-elle.
Aujourd’hui deux formations initiales pour les MSU ont passé le cap de la commission, une de l’association française de pédiatrie ambulatoire à destination des généralistes et des pédiatres et une autre de l’Anaforcal pour les allergologues et les généralistes.
Pas de dérogation sur les objectifs pédagogiques
Pour les actions de formation continue pour les MSU, là encore plusieurs n’ont pas passé le cap de la commission. Et à ce niveau, effectivement les règles ont un peu changé. L’arrêté du 22 décembre 2021 fixant les objectifs pédagogiques pour l’accueil des étudiants précisait que les actions de DPC devaient porter sur tout ou partie des objectifs pédagogiques.
En 2022, le ministère en plus de décider que finalement toutes les formations MSU, initiales et continues, resteraient en hors quotas avait annoncé que toutes les anciennes actions resteraient valides.
Cette année, si François Braun a de nouveau fait passer la même consigne sur le hors quotas, « il n’y a en revanche plus la dérogation sur le contenu des formations », explique Michèle Lenoir Salfati. « Le CNGE a déposé des actions hors objectifs pédagogiques de l’arrêté », résume-t-elle pour expliquer le rejet des formations. Mais quatre actions du CNGE ont en revanche été publiées « avec pas mal d’inscrits déjà », souligne la directrice.
« Vérité alternative »
Si les enseignants accusent l’ANDPC de faire preuve de trop de zèle, l’ANDPC se défend en affirmant appliquer les règles et suivre les consignes du ministère quand elles existent. À l’image de la décision sur le financement hors quotas de toutes les formations MSU.
«Tout est hors quotas, l’Agence est un opérateur de l’État, le ministre a demandé donc on exécute », assure l’ANDPC en réponse au communiqué qui demande au ministère de « rétablir le financement hors quota de toutes les formations ».
« La vérité alternative existe partout, mais à ce niveau, nous ne pensions pas », ironise Michèle Lenoir Salfati.
Le torchon brûle une nouvelle fois entre l’ANDPC et une partie des médecins.
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