La télémédecine sera le dossier majeur de la vie conventionnelle en 2018. Ce mercredi, le Syndicat des médecins libéraux (SML) et MG France ont dit attendre beaucoup des négociations qui s'ouvriront avec la CNAM jeudi 18 janvier et qui risquent de durer.
Les négociations doivent permettre de donner un cadre précis et une rémunération aux nouveaux actes de télémédecine : télé-expertises et téléconsultations. Et si leur contenu demeure aujourd'hui une inconnue, les deux syndicats sont au moins d'accord sur une chose : la rémunération de ces futurs actes ne pourra pas être inférieure à 25 euros, soit le coût d'une consultation aujourd'hui. Le SML estime que ce tarif, « déjà sous-évalué », doit s'appliquer pour le généraliste qui adresse et pour le médecin consulté.
De son côté, MG France défend aussi ce montant minimum : « Un acte de téléconsultation doit être valorisé au niveau d'une consultation à 25 euros, même plus si c'est une consultation complexe », affirme le président du syndicat Dr Jacques Battistoni.
Vers une grille des actes de télémédecine
Le syndicat de généralistes estime que le fait d'« adresser un patient en télémédecine prend autant de temps que l'expertise elle-même et entraîne la responsabilité du généraliste ».
MG France va proposer lors des négociations la création d'une grille des actes de télémédecine comme il en existe une pour les consultations "classiques". « On ne pourra pas échapper à une classification par niveau d'acte. On ne peut pas rémunérer à la même hauteur un acte de télé-expertise pour un petit bouton et le suivi d'un cas plus complexe qui prend du temps », explique le Dr Battistoni. Là encore, l'enveloppe consacrée par l'Assurance maladie à ces nouveaux actes est encore inconnue et devrait être précisée lors de la négociation. Concernant les outils de télémédecine, le Dr Philippe Vermesch propose que l'équipement massif des médecins soit financé « par l'intermédiaire d'un forfait structure ».
« Pour l'instant, la télémédecine est vue comme un objet fantasmatique qui va régler plein de choses. Il faudra instaurer un périmètre de priorités, prévient le Dr Jacques Battistoni, nouveau président de MG France. Cela devrait prendre du temps, surtout si on essaie de répondre aux attentes de tout le monde. » Du côté du SML, qui signera la convention ce jeudi, le Dr Philippe Vermesch plaide pour une « négociation rapide ». « Il va falloir que nous nous entendions sur ce que sont la téléconsultation, la télémédecine et la télé-expertise, car nous ne sommes pas tous d'accord », estime le président du SML qui ne s'attend pas à un dénouement avant la fin de l'année.
Du nouveau, mais probablement en 2019
Il y a peu de chances en effet que les nouveaux avenants soient appliqués en 2018 du fait des stabilisateurs économiques (les avancées tarifaires ne s'appliquent que dans un délai de 7 à 8 mois après la signature des accords conventionnels).
Le directeur général de la CNAM Nicolas Revel a souligné à plusieurs reprises qu'il était urgent de sortir des expérimentations sur la télémédecine et qu'il fallait aller plus loin que l'avenant sur la télémédecine en EHPAD dès 2018.
Quid du téléconseil ?
MG France déplore que le téléconseil ne figure pas dans le programme des négociations : « Il aurait été pertinent de valoriser cette activité car les généralistes en font tous les jours », ajoute le Dr Battistoni. « Sur quatorze heures de travail quotidien, j'en consacre deux au téléphone pour la coordination des parcours et pour du téléconseil auprès de patients pour parler de leurs analyses, adapter une dose d'insuline chez un patient diabétique, etc. ce qui évite les déplacements », témoigne le Dr Margot Bayart, généraliste à Réalmont (81) et vice-présidente de MG France. L'idée d'une rémunération au forfait pour du téléconseil devrait être remise sur la table des négociations par MG France.
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