L’assurance-maladie en fait-elle trop pour endiguer la hausse des arrêts de travail ? Vendredi 24 mai, une trentaine de médecins des Côtes-d’Armor, un représentant du Conseil départemental de l’Ordre et des élus locaux étaient réunis à La Roche-Jaudy pour soutenir l’une de leur consœur et dénoncer les « méthodes d'intimidation » de la caisse (voir cet article du « Télégramme »).
Le Dr Anne-Cécile Garel devait recevoir ce jour un médecin-conseil de la Sécu pour « un entretien confraternel » autour de ses prescriptions d’arrêts de travail. L'employée de l'assurance-maladie renoncera finalement à se présenter devant ce « comité d’accueil ».
Installée à La Roche-Jaudy depuis deux ans et demi, la jeune généraliste avait quelques raisons de s’inquiéter de ce rendez-vous. Au début du mois d’avril, une consoeur installée dans la commune voisine de Kermaria-Sulard avait elle aussi été sollicitée par la caisse pour un entretien en apparence anodin. Mais la praticienne avait finalement été sanctionnée, « mise sous objectif ». La caisse lui avait reproché des « prescriptions atypiques ». À l’époque, l’affaire avait suscité la mobilisation de ses patients et de ses confrères.
Les généralistes sous pression ?
Tout comme sa consœur, le Dr Garel n’avait eu aucune explication préalable sur les raisons de cet entretien avec la CPAM, malgré ses demandes d’information. « Pour un jeune médecin, c’est très stressant. Je ne savais pas si on avait quelque chose à me reprocher », confie-t-elle au « Quotidien ». Finalement, elle aura une réponse la veille précédent son rendez-vous : « Le médecin-conseil m’a dit que mes prescriptions d’arrêts de travail étaient dans les normes, que j’avais juste quelques atypies sur les arrêts longue durée, qu’ils voulaient en discuter avec moi. Que c’était plutôt confraternel ».
Il n’empêche, elle dénonce ces méthodes, auxquels de nombreux médecins du secteur seraient eux aussi confrontés. « Je ne remets pas en cause le fait que la caisse doit exercer des contrôles. Ce que je lui reproche, ce sont ces intimidations à répétition, ces convocations individuelles à l’intitulé flou, sans explication, déplore le Dr Garel. On ne veut pas travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en se disant “je vais avoir droit à un contrôle parce que j’ai encore signé un arrêt”. »
Sous prétexte de les « accompagner », la caisse exercerait une forme de pression sur les généralistes, dans le but de les inciter à limiter les prescriptions. C’est du moins comme cela que le vivent ces médecins réunis autour du Dr Garel.
Une démarche constructive
La jeune femme ne veut pas entrer en guerre contre l’assurance-maladie. « Je veux juste qu’ils changent leur manière de communiquer, qu’il y ait aussi plus d’écoute de leur part lorsqu’on les sollicite pour avis sur certains cas. Nous faisons tout cela dans un but constructif ! »
Il y a urgence, dit-elle, à rétablir la confiance. « Nous exerçons dans un secteur rural où on peine à faire venir des médecins. Quand on voit les méthodes de la CPAM, ce n’est pas comme cela qu’on va y arriver », regrette-t-elle.
Les caisses des Côtes-d’Armor ne seraient pas les seules à agir de la sorte. Dans l’Hérault, l’assurance-maladie multiplie également les « entretiens confraternels d’échanges et d’accompagnement à destination des médecins généralistes ». En parallèle, une action est menée pour sensibiliser les assurés, les contrôler… et les sanctionner le cas échéant. Selon la presse locale, un contrôle sur cinq aurait abouti à une pénalité en 2018.
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